Abaya : le mauvais coup porté à la gauche par un député LFI
L’élu parisien Rodrigo Arenas n’a rien trouvé de mieux à proposer pour l’école que de revenir sur la circulaire Attal interdisant l’abaya.
C’est une nouvelle occasion manquée à gauche de réaffirmer la laïcité comme principe incontournable, qui est pourtant son identité, le produit de son histoire et un attendu fondamental de la part de citoyens courroucés devant l’offensive ostentatoire des plus radicaux à l’école. Un chapitre d’ailleurs malencontreusement absent du programme du NFP, malgré les vingt ans de la loi de mars 2004 sacralisant l’espace éducatif à l’écart des identités religieuses au bénéfice de l’émancipation et de la connaissance.
Le député Rodrigo Arenas, élu de la dixième circonscription de Paris, s’est illustré au nom de « l’humain » pour dénoncer la circulaire interdisant l’abaya, un texte pourtant bienvenu et attendu par l’ensemble de la communauté éducative, particulièrement par les équipes de direction des établissements publics, en eau trouble pour sonder l’intentionnalité religieuse du vêtement de chacun(e). Énième illustration de ce qui oppose le camp de la gauche républicaine à LFI, embarquée dans un communautarisme cynique.
Au nom des libertés, les troupes de Mélenchon avaient explicitement encouragé à l’automne dernier les offensives fréristes à la porte des établissements, attisant les polémiques contre les chefs d’établissements. À partir de bruits infondés prétendument « islamophobes », l’ex-députée Insoumise, Danièle Simonet, victime de la dernière purge en date, s’était illustrée.
Pacification
Ancien co-président de la FCPE, fédération de parents classée à gauche, Rodrigo Arenas oppose donc un principe d’humanité contraire au rappel à la loi. Fustigeant un ministère de « l’instruction nationale », il feint d’ignorer l’obligation d’une discussion bienveillante mais ferme avec les récalcitrants, se soldant quasiment toujours par l’acceptation du retrait du vêtement communautaire. La circulaire Attal a pourtant produit une pacification du climat scolaire, notamment dans les quartiers sensibles en proie à la radicalisation, mais elle est aussi une ligne rouge républicaine à l’intention des prédicateurs islamistes, utilisant les enfants et adolescents pour leur sinistre besogne et la conquête de nouvelles parts de marché. Elle a donc réuni un large consensus, pourquoi donc y revenir ?
Peut-être pour les mêmes raisons que celles qui ont poussé Thomas Portes à stigmatiser les athlètes israéliens et nos compatriotes Juifs ? Mélenchon ne rate jamais une occasion de dénoncer l’«islamophobie », concept développé à dessein par les frères musulmans. Ancien combattant de choc de la laïcité jusqu’en 2016, longtemps proche de la Libre Pensée, ne serait-ce que par son empreinte lambertiste plus que jamais d’actualité, il a organisé la liquidation de cet héritage de la gauche, à des fins politiciennes tactiques. Ce faisant, il a permis au RN de se présenter comme converti à la laïcité en promouvant le port généralisé de l’uniforme. Il a contribué à la fragilisation du climat scolaire dans les établissements, a brisé la transmission d’une compréhension laïque au sein des jeunes équipes enseignantes au nom d’une laïcité frelatée, détournée de son sens initial et de sa séparation stricte avec les cultes notamment à l’école. Encore un naufrage.