Apologie du terrorisme : la provocation LFI
Tout est bon pour occuper la scène : ainsi demander l’abrogation d’une loi qui réprime l’éloge du terrorisme à un mois de l’anniversaire des attentats contre Charlie.
Une rare stupidité, ou bien une rare perversité…. Hugo Bernalicis, député LFI, propose à l’Assemblée d’abroger « le délit d’apologie du terrorisme ». Aussitôt, chacun comprend – réflexe élémentaire – que ce député souhaite laisser libre cours à ladite apologie. Comme dans un ballet bien réglé, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau réagit aussitôt sur X : « C’est difficile de faire plus ignoble », suivi par Éric Ciotti : « Une proposition de loi de la honte. Une infamie de plus des Insoumis ».
L’annonce a un double mérite aux yeux des Insoumis : occuper encore une fois le devant de la scène et susciter la réaction virulente de la droite de la droite. Avec un but très simple : installer dans l’opinion l’idée que le principal antagonisme français oppose extrême-gauche et extrême-droite et que chacun, dans ce paysage manichéen, est prié de choisir son camp. Au passage, on récolte l’approbation des courants islamistes et de leurs relais dans les quartiers, qui voient dans cette abrogation la possibilité d’ouvrir les vannes de leur propagande et on lâche un coup de pied sous la table à celui qui fut à l’origine de la loi, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve. D’une pierre trois coups…
En fait l’affaire est un peu plus compliquée. La loi dénoncée par LFI a été votée en 2014, au moment de la montée en puissance des attaques terroristes dans le monde, incarnée notamment par la prise pouvoir de Daesh en Irak et en Syrie. Le gouvernement de l’époque s’inquiétait – à juste titre – de la prolifération des messages et des prêches de soutien au djihadisme violent et souhaitait disposer d’un instrument législatif plus efficace que la simple loi sur la presse de 1881, très protectrice de la liberté d’expression et appliquée par des juridictions spécialisées.
Démarche fort légitime : la suite allait montrer que la propagande djihadiste, sur Internet notamment, servait directement le recrutement de « combattants » et de « martyrs » par les groupes terroristes. La loi de 2014 visait explicitement des actions de propagande terroriste, comme il était mentionné dans l’exposé des motifs : « La France ne peut tolérer que sur son propre sol, on puisse diffuser en toute impunité des messages appelant au terrorisme ou le glorifiant. » Aujourd’hui, bien évidemment, demander son abrogation pure et simple à un mois de l’anniversaire des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hypercacher de la porte de Vincennes relève de la provocation la plus grossière, tactique habituelle de LFI.
Reste néanmoins un problème : la loi a récemment été utilisée pour réprimer certains propos tenus à propos de la guerre de Gaza. Un syndicaliste CGT a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir présenté l’attaque du Hamas comme une réponse à la colonisation israélienne en Cisjordanie et Mathilde Panot est l’objet d’une procédure pour des propos similaires. Ces déclarations sont fausses, et sans doute scandaleuses : l’attaque du Hamas est surtout motivée par la volonté de détruire l’État d’Israël et par une haine viscérale du peuple juif, fondée sur des dogmes religieux. Mais la colonisation en Cisjordanie peut aussi lui servir de prétexte. Quoique fausses, ces déclarations sont-elles vraiment justiciables d’une peine de prison, alors que la loi vise pour l’essentiel les appels directs au terrorisme ou bien des justifications sans ambages de la violence ? Comme l’a dit Olivier Faure, pour une fois clair, la question vaut un amendement qui préciserait la loi, et en aucun cas son abrogation. Mais ce serait là faire preuve de mesure et de nuance. Impensable pour un député LFI…