Après Mélenchon…
Le leader de la France insoumise a relégué le PS sur le banc d’infamie. Tant mieux : il revient désormais aux socialistes de penser par eux-mêmes, pour rendre l’espoir à une gauche du réel.
Très colère, le Mélenchon… Il exhale son amertume dans la Tribune Dimanche et prononce ses mises à l’index. Ridicules excommunications. Ainsi, en décidant par lui-même, en jugeant qu’il ne fallait pas déclencher un nouveau pandémonium politique, en négociant des améliorations du budget avec Bayrou, en répondant du tac au tac aux insultes insoumises, le PS aurait trahi la gauche ? Il a surtout trahi les plans égoïstes du lider minimo qui se voyait déjà candidat à une présidentielle de crise. Le PS a coupé sa laisse : tel est son crime.
Ce qui le laisse devant un choix stratégique. Louvoyer médiocrement pour se faire pardonner, tenter une improbable et étroite union avec les Verts et les communistes autour d’un candidat de témoignage battu d’avance ? Ou bien vivre sa vie, parler clair et net, se doter d’un projet, puis d’une « incarnation » – selon le jargon en vogue – crédible, soigneusement préparée, et ramener la gauche à sa vocation première : gouverner pour la justice, le redressement du pays et la dignité des réprouvés. C’est la question.
S’estimant libéré de la tunique de Nessus insoumise, Olivier Faure saisit l’occasion pour annoncer un congrès. Juste décision, mais à une condition : qu’elle permette aux socialistes de se hisser à la hauteur de l’enjeu. Faut-il continuer à singer la gauche radicale pour se la concilier, ou bien s’émanciper et définir un projet réformiste audacieux pour les dix ans qui viennent, qui mobilise son peuple et replace la France sur la scène internationale, dans un monde dominé par les empires agressifs, les dangers climatiques et les vertiges nationalistes ?
Pour la gauche française, le choix est historique. Qu’elle s’abîme de nouveau dans les byzantines querelles entre « défenseurs de la vraie gauche », tous voués à l’impuissance minoritaire, et c’est un boulevard offert à l’extrême-droite et à la droite extrême. Qu’elle saisisse le moment pour se renouveler, bâtir un programme et une stratégie, et c’est l’espoir d’une résurrection du progrès qui peut poindre à l’horizon de 2027.