Au Parti socialiste, la guerre est déclarée
Les opposants internes à l’alliance avec LFI contestent la stratégie de Faure et veulent contrecarrer l’ambition présidentielle de Mélenchon.
En réclamant lors de son conseil national extraordinaire, la tenue d’une convention dès l’automne, la tendance minoritaire du Parti Socialiste, que représente Hélène Geoffroy, part ouvertement en guerre contre la ligne qu’incarne son Premier secrétaire Oliver Faure depuis la création de la Nupes en 2022, à savoir celle de marcher la main dans la main avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Ceci, alors que les palabres se poursuivent autour de la candidature unique de Lucie Castets, désignée par le Nouveau Front Populaire pour accéder à Matignon sans même qu’Emmanuel Macron ait pris la peine de la considérer.
Hélène Geoffroy n’est pas seule. Elle est soutenue par son collègue Nicolas Mayer-Rossignol, qui l’avait devancée au premier tour du Congrès de janvier 2023 pour affronter au second tour Olivier Faure, acculant alors le Premier secrétaire à une si courte majorité de 51,09 % qu’il avait fallu recompter les bulletins pour entériner sa réélection, avec seulement 713 voix d’avance, l’épaisseur du trait au Parti Socialiste où les votes sont régulièrement entachés d’irrégularités. Ensemble, Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol pèsent donc la moitié des suffrages socialistes et sont bien décidés à dénoncer la stratégie menée par Olivier Faure sans attendre le prochain Congrès, que le leader du PS envisageait seulement en 2025, comme une rampe de lancement pour l’élection présidentielle de 2027.
Chaos
Quelles intentions animent donc Hélène Geoffroy pour chercher ainsi à fracturer le PS au moment même où le Nouveau Front Populaire, alliance électorale que le parti a adoubée, appuie la candidature enfin commune de Lucie Castets pour Matignon ? Les mots qu’elle emploie pour l’expliquer sont pesés. « La stratégie actuelle du Nouveau Front Populaire n’incarne pas la gauche de gouvernement, assène-t-elle. Face à la gravité de la situation, le Parti socialiste doit réaffirmer sa volonté de gouverner le pays et refuser la stratégie du chaos. Il doit tracer un chemin. » Le chaos en question vise bien sûr La France Insoumise, tant son chef Jean-Luc Mélenchon est soupçonné de vouloir pourrir la situation politique en vue d’acculer Emmanuel Macron à la démission et provoquer une présidentielle anticipée où il affronterait alors la « fasciste » Marine Le Pen.
Hélène Geoffroy s’insurge contre cette perspective : « Le Parti socialiste est passé en quelques semaines d’une ligne Glucksmann à une ligne Mélenchon. En adoptant cette posture, il a privilégié les coups de billard à cinq bandes plutôt que de chercher réellement une solution pour sortir le pays de l’ornière ».cGrâce au Nouveau Front Populaire, le Parti Socialiste a plus que doublé le nombre de ses députés à l’Assemblée nationale, mais l’alliance n’a pas vocation à perdurer. « Nous ne voulons pas siéger dans l’Hémicycle aux côtés de la France Insoumise », s’indigne l’un de ceux qui mènent la fronde contre Olivier Faure.
Au travers de cette bataille ressurgit le duel ancien entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande, la stratégie du chaos contre la prise de pouvoir social-démocrate. En vue de la prochaine présidentielle, la convention de l’automne n’est que la première étape.