Aymeric Caron, légion d’honneur de la bêtise
Les commentaires du député apparenté LFI sur les personnes décorées du ruban rouge méritent une médaille : celle de la stupidité méprisante.
Fort courroucé de voir son ennemie Sophia Aram, qu’il poursuit d’une vindicte obsessionnelle, décorée de la légion d’honneur, l’hurluberlu Caron s’est fendu sur X d’un message consacré à cette distinction traditionnelle : « Sur la légion d’honneur, cette breloque archaïque épinglée sur la prétention des récipiendaires : à quelques exceptions, elle n’est distribuée qu’aux membres d’un club fermé d’inutiles et de nuisibles qui s’accaparent et se distribuent le pouvoir. »
Non que la rosette soit toujours la récompense de services éminents et évidents rendus à la nation, ni qu’elle ne serve pas à flatter la vanité d’une théorie d’importants supposés. Mais ces insultes adressées à l’ensemble des décorés sont la marque d’une ignorance crasse, à moins qu’il ne s’agisse, plus probablement, d’une bêtise qui s’est maintes fois manifestée dans les propos du député sur toutes sortes de sujets.
Sur le principe, en premier lieu : la République a fait sienne le « hochet » créé par Bonaparte pour distinguer les Français les plus méritants, dans l’ordre civil ou militaire. En quoi serait-ce ridicule ? Pourquoi une nation devrait-elle s’abstenir de désigner par un symbole honorifique les citoyens qui ont illustré, d’une manière ou d’une autre, ses valeurs et idéaux ? À moins de considérer, bien sûr, que ladite République est elle-même une imposture, un objet de sarcasme, et que les décorations qu’elle dispense sont par conséquent des « breloques archaïques » à la prétention hypocrite. Caron étant député de la République en question, il faut croire qu’il se considère lui-même comme un imposteur ridicule.
Sur la mise en oeuvre, ensuite. On peut contester l’extension fort large donnée à cette légion d’honneur, qui récompense maintes fois des notables aux qualités douteuses ou secondaires, dans un geste qui n’est pas exempt de calcul politique ou de copinage à peine déguisé. Mais à côté de ces dérives, le ruban rouge est décerné à toutes sortes de savants, d’enseignants, d’universitaires, d’écrivains, de militants associatifs ou caritatifs, de dirigeants économiques ou politiques dont le mérite est incontestable. Faudrait-il, au nom d’un égalitarisme à front bas, les laisser dans l’anonymat et l’indifférence, ou bien, parce qu’ils ont été utiles à la société, refuser de leur accorder un égard particulier pour ne pas vexer les autres ? Sur quel piédestal Caron a-t-il été placé – sans doute en vertu de son activité frénétique sur X, qui semble être son activité essentielle, – pour se permettre de juger de la sorte ses semblables en citoyenneté ?
La légion d’honneur est traditionnellement accrochée sur les cercueils des soldats tués au combat, ou sur ceux des policiers, des gendarmes, des pompiers ou des secouristes qui succombent dans l’exercice de leurs fonctions. Sans doute font-ils aussi partie « du club fermé d’inutiles et de nuisibles qui s’accaparent et se distribuent le pouvoir », dont parle l’histrion solennel. Il est vrai qu’à cet aune, celle du courage et du dévouement aux principes républicains, il ne risque pas de tomber dans cette catégorie honnie…



