Banques : David a-t-il une chance contre Goliath ?
Les banques américaines ont pris une longueur d’avance sur les européennes et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir va encore creuser l’écart. Qu’attend-on pour réagir ?

L’été dernier Axa et BNP ont décidé de rapprocher leur « gestion d’actif » c’est-à-dire le montant de l’argent qu’ils font fructifier pour leurs clients. Cette semaine, même annonce de regroupement entre Generali et BNP. Bravo, il était temps. Mais que de chemin reste encore à faire pour que la finance européenne puisse rivaliser avec Wall Street !
Les banques européennes sont à la ramasse par rapport aux banques américaines. Et le retour de Donald Trump, qui promet de réduire à peau de chagrin la moindre réglementation, pourrait bien aggraver encore les choses. JP Morgan, la première banque américaine, affiche aujourd’hui une capitalisation boursière de 675 milliards d’euros, « soit un tiers de plus que la somme des capitalisations boursières des 10 premières banques de la zone euro ». En 2008 le rapport était bien différent : JP Morgan valait environ 70 milliards d’euros, contre 510 milliards pour les 10 premières banques du Vieux Continent.
Les banques françaises sont globalement valorisées à hauteur de la moitié de leurs capitaux propres. C’est également le lot des banques allemandes. De leur côté, les banques américaines sont, elles, valorisées en moyenne 1,4 fois leurs capitaux propres. JP Morgan est valorisée plus de deux fois ses capitaux ! Pour certains, l’environnement règlementaire est en cause : l’arrivée de Bâle III, conçu pour mieux protéger le système financier de nouveaux risques, renforce les exigences en capital pesant sur les établissements du Vieux Continent. Ces règles prudentielles (aussi communément appelées Bâle 3.1) ont commencé à entrer en vigueur depuis le 1er janvier dans l’Union Européenne.
Mais avec l’arrivée de Donald Trump, la réforme risque d’être en partie vidée de sa substance, voire complètement enterrée aux Etats-Unis, et le fossé réglementaire va se creuser entre les banques américaines et leurs concurrentes. Pour tout arranger, dans le secteur bancaire non réglementé (les « non banks »), les grandes institutions américaines disposent d’une puissance de feu sans égal : Blackrock : 9 trilliards, Vanguard : 7, Fidelity : 4, State Street : 4… Et notre nouvel ensemble (Generali/Natixis) : 1900 milliards seulement ! Dans ce domaine qu’on le veuille ou non, David a peu de chance contre Goliath.
Conclusion : il n’y a pas que dans le domaine de la tech et des plateformes numériques que l’Europe se traîne. Il y a aussi le monde de la finance. La présidente de la Commission européenne vient de faire savoir qu’elle réfléchit à un plan pour tenir compte du rapport Draghi qui lui a été remis… il y a six mois. Et on attend toujours la mise en place du grand marché de capitaux espéré par le rapport Letta… il y a près d’un an ! Il serait temps de se réveiller, non ?