Boris Vallaud : le dauphin en embuscade

par Valérie Lecasble |  publié le 09/02/2025

Le président du groupe à l’Assemblée Nationale a manœuvré habilement pour unir ses troupes autour de la « non-censure ». Mais pour accéder à la tête du Parti Socialiste, il devra se faire violence.

Le président du groupe parlementaire socialistes et apparentés, Boris Vallaud prononce un discours à l'Assemblée nationale à Paris le 4 décembre 2024. (Photo Alain JOCARD / AFP)

Il a le vent en poupe. À la tête du groupe socialiste dans une période cruciale où il fallait donner un budget à la France, il a fait prévaloir la non-censure : seuls six députés PS ont refusé de suivre, alors qu’ils étaient trois fois plus à vouloir sanctionner François Bayrou après sa sortie sur le « sentiment de submersion » migratoire.

Boris Vallaud a gagné ses galons. Depuis qu’il n’y a plus de majorité, depuis que les socialistes sont devenus le « parti charnière » qui peut sauver ou défaire les gouvernements, il occupe le devant de la scène. Jusque-là, celui qui avait remplacé Emmanuel Macron comme secrétaire adjoint de l’Élysée sous François Hollande, était surtout le mari « techno » de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation. Désormais, ses discours portent, émaillés d’envolées lyriques assénées avec flamme. Il écrit bien, ses mots font mouche, il a le sens de la formule. Est-ce l’effet de sa petite taille, qui l’incite à se surpasser ? Entendant le Premier ministre parler de « submersion » sur LCI, il lui ordonne à l’Assemblée de retirer le mot, se plaçant soudain à son niveau. Bayrou assume, Vallaud réplique : « Je suis submergé par la consternation (…) nous finirons gouvernés par l’extrême-droite ».

Certains y songent : Boris Vallaud pourrait-il détrôner Olivier Faure lors du prochain congrès du Parti socialiste ? A priori, les deux hommes s’entendent. Ils semblent d’accord pour se concilier LFI, quitte à s’y opposer un moment, avant de rambiner si les circonstances électorales l’exigent. Ils peuvent aussi se répartir les rôles : à Vallaud le parti, à Faure la présidentielle, même si tout Premier secrétaire se voit vite présidentiable.

L’atout de Vallaud est aussi son handicap : manœuvrier, il se dévoile rarement, évite de prendre position, ménage la chèvre et le chou, laissant aux députés de son groupe le soin de trancher les questions difficiles. « Pusillanime », entend-on souvent. Mais on lui connaît peu d’ennemis tandis que Faure doit trancher dans le vif et donc mécontenter les uns ou les autres. Or pour conquérir le PS, il faut affronter ses adversaires, c’est-à-dire « déposer une contribution et mener les discussions », souligne un connaisseur. Bref, il faut batailler, ce qui n’est pas son style.

Opposés à Faure, les tenants de la ligne réformiste ne sont pas enthousiastes. Mais ils n’ont pas encore de leader à promouvoir, hormis Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, dont beaucoup pensent qu’ils ne sont pas les meilleurs candidats. Alors, qui ? L’autonomisation du Parti socialiste, sorti du giron de LFI, pourrait changer la donne. Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, jusqu’ici très prudent, pourrait sortir du bois. Les sondages l’ont conforté dans sa popularité locale, il est favori pour garder sa mairie. Un tremplin pour devenir leader national ?

Valérie Lecasble

Valérie Lecasble

Editorialiste politique