Bouamrane, Delga, Glucksmann, Cazeneuve, Hollande : le quintet soc-dém

par Laurent Joffrin |  publié le 03/10/2024

Week-end après week-end de rentrée, les sociaux-démocrates font la preuve de leur renouveau. Reste à s’unir…

Laurent Joffrin

Ce n’est pas encore le printemps, mais ce n’est plus l’hiver pour les sociaux-démocrates. Hier soir à Saint-Ouen, au stade Bauer archi-comble – celui du Red Star – le très « hype » Karim Bouamrane avait réuni, pour lancer son mouvement « Une France humaine et forte », une foule chaleureuse, jeune et mélangée, ce qui nous change des assemblées de têtes chenues qu’on trouve souvent dans les congrès du PS.

Succès incontestable, qui témoigne du renouveau réformiste autour des valeurs de la diversité et la réussite dans la République, ce qui tend à prouver qu’on peut – à la différence cde LFI – mobiliser « les quartiers » sur autre chose que la haine des juifs, la soumission à l’intégrisme, la détestation de la police ou le soutien au Hamas. C’est à dire sur la République.

Entrepreneur humaniste, apôtre d’un socialisme « du réel », soucieux de justice, de sécurité, de promotion des classes populaires et de féminisme, de patriotisme et de valeurs laïques, Bouamrane avait réuni la fine fleur de la social-démocratie requinquée, Glucksmann, Mayer-Rossignol, Delga, Kanner, Hollande et bien d’autres.

Son meeting faisait suite à la démonstration de force de Carole Delga à Bram, avec les mêmes, à peu de choses près. Il précède le rassemblement organisé samedi par Glucksmann à La Réole dans la Gironde, qui réunira lui aussi une phalange de soc-dems bon teint. Quant à Bernard Cazeneuve, il poursuit son bonhomme de chemin républicain et social, en montrant dans un entretien au Monde qu’il reste l’homme d’État précis, éloquent et cinglant qu’il était déjà à Matignon.

Tout cela est bel et bon et confirme la ligne que nous suivons depuis le débat au Journal.info, celle d’une gauche de la raison. L’espace politique que nous avions désigné, entre le macronisme effondré et les honteuses outrances mélenchoniennes, existe à coup sûr. La social-démocratie est de nouveau dans les radars de l’opinion. Les médias, qui suivent le mouvement, comme toujours, avec un métro de retard, commencent à s’en aviser. Encore faut-il la rassembler pour en faire une force qui réaffirme ses valeurs et renouvelle ses idées. Cent fleurs s’épanouissent, certes, mais il faut le lier pour en faire un bouquet. Faute de quoi ces initiatives, similaires mais séparées, resteront un phénomène dispersé sans prise sur le sort du pays.

Laurent Joffrin