Buchenwald : dessiner l’indicible
Une B.D. peut-elle raconter un épisode méconnu de l’histoire de l’Holocauste, et en livrer un récit bouleversant ? Oui ! Elle s’appelle « Les Enfants de Buchenwald ».
Le roman graphique s’inspire de faits réels, que retrace l’historienne Dominique Missika avec la dessinatrice Anaïs Depommier. Non pas les morts de la Shoah, mais les survivants, et surtout le voyage déchirant des petits orphelins qui reviennent de chez les morts pour s’inscrire de nouveau dans le monde des vivants.
D’une grande précision historique, mais racontée à hauteur d’enfants, le récit suit quatre jeunes garçons juifs – Zeev, Fischel, Chaim et Aron – venus d’Europe de l’Est et rescapés du camp, qui se trouvent confrontés à l’épreuve de la reconstruction après l’horreur.
L’histoire commence en avril 1945, lors de la libération de Buchenwald, où plus d’un millier d’enfants juifs sont découverts par l’armée américaine. Que faire des orphelins ? Les uns rêvent d’un voyage vers la Palestine, malgré les réticences de la Grande-Bretagne mandataire, d’autres veulent aller en Amérique. D’autres encore refusent de croire à la mort de toute leur famille et attendent rageusement que leurs parents reviennent.
Grâce à la mobilisation de l’OSE (l’Œuvre de Secours aux Enfants), 426 d’entre eux sont accueillis en Normandie, où les médecins, éducateurs et assistantes sociales s’efforcent de les soigner, de les aider à se reconstruire et à reprendre goût à la vie.
Sensible et documentée, la B.D. s’attache à mettre en lumière la résilience de ces jeunes survivants, dont le parcours de vie s’achève par un flashforward poignant, des décennies plus tard, pour souligner quels furent ces destins arrachés à la barbarie… Un hommage vibrant à la force de l’enfance face à l’indicible.
Les Enfants de Buchenwald, de Dominique Missika et Anais Depommier, éditions Steinkis, 132 pages, 22€.