Budget : un festival de caricatures
Déjà vu… Les réactions de la droite et de la gauche aux mesures budgétaires annoncées pour 2026 sont aussi attendues que dogmatiques. Ce qui place le pays dans un dilemme archaïque.

Résumons le débat qui s’ouvre sur le budget de 2026, avec menace de motion de censure à la clé de la part du RN et de la France insoumise : la droite veut réduire les dépenses, la gauche veut augmenter les recettes ; la droite accuse la gauche de fiscalisme congénital, la gauche accuse la droite d’obsession austéritaire. Or cette controverse de Pavlov se heurte, comme souvent, à des réalités rétives.
La droite oublie avec soin qu’une partie du déficit record des finances publiques dérive directement des allègements d’impôts consentis depuis le début de l’ère Macron aux plus aisés et aux entreprises. Une arithmétique élémentaire montre que sans ces ristournes fiscales, les recettes de l’État seraient supérieures de quelque 60 milliards à ce qu’elles sont aujourd’hui, ce qui ramènerait le déficit à environ 3% du PIB, conformément aux injonctions européennes. Mais en avançant cet argument, la gauche néglige volontairement l’effet négatif qu’aurait eu sur la croissance une pression fiscale supplémentaire de 60 milliards. Un effet que la droite exagère à loisir, mais dont personne ne peut démontrer qu’il aurait été nul.
Aussi bien, en dénonçant comme « austéritaire » toute diminution des crédits publics, la gauche évite la question qui fâche : avec un pourcentage record de dépenses collectives, le plus fort parmi les pays d’Europe, comment expliquer que les Français soient si mécontents de leurs services publics ? Une gauche plus réaliste pourrait-elle faire l’économie d’une interrogation sur la bonne organisation de l’administration, sur l’usage pertinent des deniers publics et sur l’efficacité des dépenses sociales ? Serait-ce l’un des marqueurs identitaires de la gauche que d’ignorer volontairement les méfaits de la bureaucratie et les lourdeurs dommageables de l’appareil d’État ?
Autrement dit, il existe une autre politique budgétaire, moins caricaturale, qui consiste à sortir du dogme macronien et à frapper sans hésiter les classes les plus riches – dans les limites de la constitution qui proscrit les prélèvements confiscatoires – et à entreprendre sans barguigner une revue de détail des politiques publiques pour chasser les gaspillages et s’assurer que l’argent des Français soit employé avec zèle et efficacité.