C8, la chaîne délinquante
Toutes les arguties propagandistes des zélateurs de la droite dure n’y changeront rien : l’ARCOM et le Conseil d’État ont eu cent fois raison de retirer sa fréquence à la chaîne de Cyril Hanouna.

Toujours la même fanfare bolloréenne, qui mène sa énième compagne contre l’état de droit, suivie des idiots utiles manipulés par l’extrême-droite. « Atteinte à la liberté d’expression », « inadmissible censure d’État », « on veut faire taire les opinions discordantes » : tout est bon dans l’emphase pour dénoncer la décision de l’autorité de régulation de l’audiovisuel, confirmée par la haute juridiction administrative qui s’est prononcée en toute indépendance.
Or il faut répéter ici, peu avant l’échéance du 28 février, ce que Valérie Lecasble avait déjà relevé dans LeJournal.info : ce retrait de fréquence découle de l’application de la loi, et rien d’autre. Seuls les crétins qui croient tout ce qu’ils voient sur CNews ou bien entendent sur Europe 1 peuvent s’en gendarmer.
Quand elle a attribué – gratuitement – les fréquences de la TNT, qui sont en nombre limité, la puissance publique a sagement décidé que ces chaînes nouvelles devraient respecter une règle déontologique minimale, qui s’applique à tous les courants politiques et que tout un chacun peut comprendre : une liberté politique et culturelle totale, à l’exception des excès dans l’usage de cette liberté, selon le principe plus que deux fois séculaire qui régit la liberté d’expression en France (voir la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 qui consacre « la libre communication des pensées et des opinions», mais ajoute : «sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi»).
Cette définition visait, entre autres, les propos injurieux, les spectacles dégradants ou les tromperies avérées dans l’information du public, comme elle le fait pour les autres chaînes accessibles sur le petit écran. Qu’aurait-on dit si les nouveaux canaux n’avaient pas été régulés à l’égal des anciens, pour laisser libre cours à tous les dérapages, à tous les excès et à toutes les propagandes les plus grossières ?
Il se trouve que par souci de rentabilité, autant que par militantisme ultradroitier, C8 n’a pas respecté ce cahier des charges. Principalement par le truchement de TPMP, l’émission de Cyril Hanouna, elle a multiplié les manquements à la loi, passant une séquence clairement homophobe, diffusant des thèses complotistes comme elle de l’adrénochrome, une drogue qui serait issue du sang d’enfants sacrifiés, des scènes d’attouchement sur des chroniqueuses, ou bien les insultes proférées par l’animateur à l’égard d’un homme politique de LFI, toutes choses qui sont clairement proscrites par la loi. Ces dérapages ont continué, alors même que l’ARCOM infligeait régulièrement des amendes record à C8. Après avoir fait preuve d’une longue patience, les régulateurs ont donc décidé, très logiquement, d’attribuer la fréquence à un autre diffuseur, qui s’engageait, lui, à respecter la loi.
Les défenseurs de la chaîne savent parfaitement tout cela et leur mauvaise foi est totale. En fait, ils se font les serviles zélateurs de la thèse popularisée par Donald Trump et ses émules, selon lesquelles il faudrait se débarrasser des règles démocratiques posées depuis 1789 et laisser le champ libre à tous les propos et à toutes les opinions, seraient-elles les plus ignominieuses et les plus extrêmes. Relais du trumpisme en France, ils cherchent surtout à favoriser les chaînes et les réseaux contrôlés par des milliardaires d’extrême-droite, qui usent de la provocation permanente pour accroître leur audience, leurs profits et leur influence politique. Cette fois, ils se sont heurtés à la loi républicaine. Puisse-t-elle continuer à faire rempart contre leur entreprise factieuse.