Ce que mijote Place publique

par Valérie Lecasble |  publié le 07/02/2025

La secrétaire générale du parti de Raphaël Glucksmann, Pascaline Lecorché, mitonne le retour en force de son leader. Refonte des statuts du parti, programme issu du projet européen, récit global qui révèle les ambitions de Place Publique pour les municipales et les législatives. Avec la présidentielle en ligne de mire.

Le député européen Raphael Glucksmann et la candidate locale de la coalition de gauche du NFP pour les élections législatives Pascaline Lecorché pendant la campagne pour le 2ème tour des élections générales à Marseille, le 5 juillet 2024. (Photo Clément MAHOUDEAU / AFP)

Détachée de LFI, la social-démocratie a besoin d’un programme. Raphaël Glucksmann en a promis un pour le mois de juin…

Oui, nous sommes à mi-parcours et nous travaillons. Nous avons constitué deux types de groupes : les premiers rassemblent 250 experts, représentants d’associations, relais d’opinion, chercheurs, syndicats ; au sein des seconds échangent ceux qui le souhaitent parmi nos 12 000 militants. Notre trio gagnant allie l’approche politique des responsables de Place Publique, la connaissance pointue de nos experts et l’expérience de terrain de nos militants comme autant d’acteurs, chacun dans leur domaine.
Notre méthodologie cumule l’avantage d’articuler les expertises et angles de vue tout en permettant aux adhérents de Place Publique d’avoir des échanges entre eux. Plutôt que de parachuter un programme d’en haut, nous cherchons à faire émerger du terrain des idées qui alimentent nos experts et vice-versa.

Sur quels sujets travaillez-vous ?

Après notre projet européen, notre philosophie générale est de décliner un projet national pour porter nos ambitions à l’échelle de la France. Celui-ci contient 15 axes qui en constituent la colonne vertébrale, à commencer par la lutte contre les inégalités sociales et la transformation écologique, mais aussi l’égalité territoriale, enjeu crucial de cohésion ; la santé, première préoccupation des Français ; le logement, première insécurité du quotidien ; la souveraineté et la puissance économique, vecteurs d’emploi ; et enfin une fiscalité juste et adaptée.
Sur chacun de ces axes, des sous-groupes travaillent sur des thèmes plus particuliers.
Le récit que nous souhaitons écrire pour la France doit être en cohérence avec nos valeurs fondamentales : le féminisme, la démocratie ouverte, les droits humains.
Sarah Pigeaud et Victor Lachenait du Conseil Politique de Place Publique coordonnent ce projet ambitieux et assurent le lien entre les experts, les corps intermédiaires, et les groupes de discussion sous le pilotage de Raphaël Glucksmann et Aurore Lalucq.

Le temps presse pour éviter la situation du NFP, où seule LFI avait un programme…

Nous voulons avoir dès le mois de juin un programme complet qui émanera de cette séquence de co-construction, selon la même méthode que celle avec laquelle nous avons élaboré notre projet européen. L’important est que nous poursuivions notre trajectoire sur le modèle de la campagne des élections européennes, en continuant à enfourcher des causes qui se nourrissent du terrain. Cette politique par les causes est un des marqueurs de Place publique, comme la place des femmes en politique ou le lien avec la société civile organisée.
Ce projet servira de socle à toutes nos futures échéances nationales et nous permettra une base d’échange avec nos partenaires de la gauche et de l’écologie qui se reconnaissent dans notre démarche, notre méthode et notre projet. Mais ce sera dans un deuxième temps, car notre ambition est de construire une solide base pour agréger les autres autour de nous. Notre priorité est d’abord le « quoi » plutôt que le « comment » pour revenir sur le terrain des idées et à un programme qui donne des perspectives à nos ambitions.
Nous sommes guidés par la nécessité de réparer la France, déchirée par les inégalités sociales et territoriales, par le besoin d’offrir aussi des perspectives et de l’ambition pour les Françaises et les Français, pour l’emploi, pour l’éducation, pour la culture, dans la lutte contre le réchauffement climatique et notre adaptation. Nous voulons nous opposer par cette ambition au projet mortifère du Rassemblement National et voulons pour le combattre avoir la capacité d’une vraie offre politique et d’un projet de société. Nous souhaitons bâtir une autre offre politique qui nous ressemble et nous permette de rassembler autour de nous.

Comment allez-vous donner envie ?

Nous travaillons avec Raphaël Glucksmann et Aurore Lalucq à un récit avec une vision globale qui aille au-delà du seul programme où l’un des projets que nous revendiquons est la proportionnelle. Nous nous nourrissons aussi par le terrain avec les adhérentes et les adhérents de Place publique, nos élus, fers de lance de notre projet dans les institutions. Nous incitons les Places publiques territoriales à aller à la rencontre des acteurs et actrices de leur territoire, à se saisir des causes locales et nous allons mener des campagnes comme celle actuellement sur le devoir de vigilance des multinationales. Notre pétition lancée il y a une dizaine de jours a recueilli près de 20 000 signataires.
Et puis évidemment il y a les enjeux électoraux. Nous voulons être prêts pour les échéances municipales et éventuellement législatives.
Le Congrès des 15 et 16 mars marquera une étape importante de notre parti passé de 2 000 à 12 000 adhérents. Nous avons travaillé à l’évolution de nos statuts depuis plusieurs mois. Les échelons et l’espace des débats seront ajustés pour une démocratie vivante, une adaptation plus forte aux territoires. Les militants doivent pouvoir s’emparer de nos causes sur les territoires qui ont été délaissés du débat public.
Nous avons aujourd’hui 350 élus dont trois députés européens, un sénateur, un député, plusieurs maires dont celui de Saint-Brieuc, et des conseillers municipaux, départementaux et régionaux. Nous avons l’ambition d’enrichir notre communauté d’élus.
Si nous mettons autant d’énergie à renforcer le mouvement, élaborer un projet national, nous préparer aux futures échéances électorales, animer les territoires pour créer une dynamique sur le terrain, c’est que nous voulons affirmer notre parti avec son identité et sa singularité, son autonomie, avec nos propres idées. Nous traçons notre route. Nous sommes des combattants qui serons en liaison avec nos futurs partenaires.

En vue de la présidentielle de 2027 ?

On sera là mais ne sautons pas les étapes. Nous nous préparons aux échéances municipales de 2026 voire à d’éventuelles législatives. Voilà pourquoi nous souhaitons prendre notre place partout sur le territoire. Nous nous préparons à toutes les échéances mais celle qui est certaine ce sont les municipales.

Vous avez de vraies ambitions pour les municipales de 2026 ?

Notre idée n’est pas d’avoir des listes propres dans toutes les communes de France mais de faire dans la dentelle et de participer à des listes d’union selon des configurations territoriales qui sont différentes. Nous devrons définir ce qui est le plus efficace pour conquérir une ville pour la gauche et l’écologie en 2026 avec la possibilité de prendre le leadership dans certains endroits ou d’être des forces utiles et complémentaires dans d’autres, là où l’arc social-démocrate écologiste existe et a besoin d’être renforcé. Place Publique prendra sa part et sa responsabilité dans toutes les communes de France, en fonction des configurations, territoire par territoire.
A Marseille, nous soutenons la réforme de la loi PLM car il en va de la démocratie et de la cohérence entre le projet pour une ville et le choix des citoyens. Marseille est une et indivisible, cela n’a pas de sens de conserver des secteurs pour élire le Maire de Marseille.

Propos recueillis par Valérie Lecasble

Valérie Lecasble

Editorialiste politique