Clap de fin pour Cinecittà ?
Cinecittà, la « capitale du cinéma », fondée en 1937 par Mussolini est peu à peu devenue « le plus grand studio de cinéma d’Europe », regroupant 400.000 mètres carrés de studios, à quelques kilomètres de Rome. Elle risque aujourd’hui de disparaitre.
Le gouvernement de Meloni déplore à grands cris les 6,7 millions d’euros de déficit de Cinecittà tout en mimant d’en ignorer les causes profondes. Pourtant, le complexe compte un millier d’artisans qualifiés (maçons, architectes, menuisiers, décorateurs costumiers ou maquilleurs), mais aussi bon nombre de réalisateurs et de producteurs.
Plus de 3000 productions historiques ont été ici réalisées. Par des italiens, bien sûr, comme Visconti, Fellini , Scola, De Sica , Rossellini , Sorrentino ou Moretti. Mais aussi des français, comme Claude Autant Lara , René Clair ou Christian-Jaque. Et bien sûr des américains, qui ont contribué à faire de Cinecittà un nouveau « Hollywood-sur-le-Tibre » : Martin Scorsese avec « Gangs of New York », William Wyler et son « Ben Hur », Mervin Leroy pour « Quo vadis », Mel Gibson pour « La passion du Christ », sans oublier le plus récent Luca Guadagnino , d’origine italienne il est vrai, avec « Queer ».
Pourtant, le vent a tourné depuis deux bonnes années. On réalise aujourd’hui que Cinecittà n’attire plus grand monde. Les studios se sont vidés, même le célèbre « Teatro 5 » de Fellini. Les américains produisent ailleurs, en Bulgarie par exemple, comme Steven Knight pour « Maria ». Quand les bénéfices de Cineccittà pouvaient s’élever jusqu’à 105 millions d’euros il y a quelques années, l’exercice 2023 est passé dans le rouge, accumulant 6,7 millions d’euros de déficit. Comme inexorablement, la première vague de licenciements a débuté.
Mais que s’est-il passé ? Erreurs de casting ou mauvais investissements des administrateurs ? Peut-être. Mais les restrictions budgétaires décidées par Giorgia Melloni – qui n’a pas une passion brulante pour la culture – ont joué dans la balance. La Présidente du Conseil a ainsi revu à la hausse les très faibles taxes de tournage qui attiraient à Rome les cinéastes du monde entier.
Que deviendra cette institution où sont nés les plus beaux récits de la misère post-fasciste ? Seul l’avenir nous le dira.