Coming out

par Valérie Lecasble |  publié le 04/09/2024

Edouard Philippe ouvre l’après-Macron

Le chef du parti de droite français «Horizons » et ancien Premier ministre français, Edouard Philippe- Photo Dimitar DILKOFF / AFP

En se déclarant candidat à l’élection présidentielle au moment où les hésitations d’Emmanuel Macron exaspèrent les Français, l’ex-locataire de Matignon déclenche la guerre de succession.

Il se dit prêt, même en cas d’élection présidentielle anticipée, et son programme sera « massif ». En se déclarant dès aujourd’hui candidat à l’élection présidentielle par une simple interview au journal Le Point, Edouard Philippe veut montrer sa force et sa détermination quand d’autres sont faibles et hésitants ; s’affirmer quand d’autres se dérobent ; tracer un chemin pour l’avenir quand d’autres le piétinent. Suivez son regard…

Si sa candidature n’est pas une surprise – cela fait quatre ans qu’il la prépare – le plus important est le moment qu’il choisit pour l’annoncer. Depuis cinquante jours à présent qu’Emmanuel Macron procrastine pour nommer un Premier ministre, Edouard Philippe prend les devants et assume. Contrairement à l’actuel Président de la République, proclame-t-il, lui sait où il va.

« Dans ce moment de possible bascule, de confusion, d’immobilisme, de refus de prendre ses responsabilités, il fait le choix d’assumer devant les Français », décrypte l’un de ses proches.

Edouard Philippe ne se contente pas de prendre date, de s’afficher comme un recours alors que le pays traverse une triple crise démocratique, politique et économique, il lâche les coups et désigne le responsable, Emmanuel Macron, dont il critique la décision de dissoudre l’Assemblée Nationale, tout comme l’éviction prématurée d’Elisabeth Borne qui a empêché le président de la République de nommer un nouveau Premier ministre afin de mener une autre politique après sa défaite aux élections européennes du 9 juin.

La France est en danger, dit-il, confrontée à quatre périls. Le péril démocratique puisque les électeurs du Rassemblement National et de la gauche ont le sentiment de s’être fait voler les dernières élections législatives ; le péril budgétaire avec un déficit record de 154 milliards d’euros en 2023 ; le péril de l’immobilisme avec un gouvernement démissionnaire qui ne peut plus rien faire ; et le péril de la sécurité.

Alors qu’il pense la France au bord du gouffre, Edouard Philippe regrette que la Droite Républicaine ne s’engage pas et précipite du coup le bloc central vers la gauche. Lui, défend son bilan, en insistant sur la transformation du marché du travail, l’attractivité, la réindustrialisation et l’apprentissage. Il ne conçoit pas une augmentation des impôts sans la contrepartie de la baisse des dépenses publiques. Pour y parvenir, il ne suffira pas, dit-il, de « raboter » mais il faudra « transformer » des pans entiers de l’action publique.

Celui qu’on ne voit guère à Paris tant il passe de temps dans sa ville du Havre et à sillonner la France, lance la course à l’élection présidentielle. Contre son ancien chef, il porte les coups à la manière de ceux d’un Emmanuel Macron contre François Hollande, décidé comme lui à prendre le contrepied de celui qui lui a mis le pied à l’étrier.

Edouard Philippe est un homme de droite. S’il défend autant Bernard Cazeneuve que Xavier Bertrand, il ne cache pas son souhait de voir la droite gouverner le pays. Plus clairement que les autres partis de l’ex-majorité, il a mis pendant les législatives La France Insoumise dans le même panier des extrêmes que le Rassemblement National, ouvrant le champ de son action « de la droite conservatrice à la social-démocratie ». Voilà qui éclaircit le jeu. S’il s’interrogeait encore, Emmanuel Macron ne pourra plus compter sur le boxeur Edouard Philippe qui anticipe le KO de son ancien patron.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique