Congrès du PS : qui battra Faure ?

par Valérie Lecasble |  publié le 04/03/2025

Mayer-Rossignol, Bouamrane, Brun, Guedj, Geoffroy ou …Vallaud, nombreux sont ceux qui guignent le poste d’Olivier Faure, une nouvelle fois candidat. Tous contre lui mais pas forcément ensemble : pour le détrôner, ils devront se rassembler.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy et le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, lors du 80e congrès du parti, à Marseille, le 29 janvier 2023. (Photo Clément MAHOUDEAU / AFP)

À vos marques ! Mardi 4 mars à 20 h 30, le Conseil National, parlement du Parti socialiste, donne le coup d’envoi du Congrès. Le 4 avril, seront déposées les contributions, qui présentent aux militants les propositions des candidats putatifs ; un mois plus tard, le 4 mai, les motions seront soumises au vote par les mieux placés des concurrents ; début juin, enfin, les adhérents désigneront un Premier secrétaire, lequel tiendra les 15 et 16 juin le Congrès du Parti socialiste.

Illisible pour le profane, ce rituel est immuable pour tout socialiste qui se respecte… Mère des batailles, le Congrès intronise le nouveau chef, celui qui sera – éventuellement – le candidat à la prochaine présidentielle ou qui jouera un rôle clé dans sa désignation. Deux ans avant 2027, c’est dire s’il est stratégique et si, pour gagner, tous les coups sont permis. Au Congrès de Marseille en 2023, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol s’étaient écharpés, le premier battant sur le fil le second alors que celui-ci l’accusait d’avoir volé sa victoire en bourrant les urnes.

Personne n’a envie de revivre ce pugilat… mais cela ne garantit rien. Candidat à sa propre succession, Olivier Faure devra affronter les deux mêmes chefs de courant qu’en 2023 : Hélène Geoffroy et Nicolas Mayer-Rossignol qui ne sont pas d’accord sur tout, sauf pour contester son leadership. Dimanche 2 et mardi 4 mars, ils ont dressé leur feuille de route pour marquer leurs terrains respectifs.

Hélène Geoffroy déposera une contribution programmatique sur la nouvelle donne internationale, sur la société française et son identité. Elle récuse l’idée d’une primaire à gauche et veut un ou une candidate socialiste à la présidentielle, que ce soit François Hollande, Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann ou Carole Delga. Elle veut aussi agréger autour du PS, à la manière d’un « Épinay II », les Cazeneuve, Hamon et autres Sacha Houlié.

Nicolas Mayer-Rossignol souhaite un projet nouveau pour la France, qui mette l’accent sur les services publics (éducation, santé, sécurité, emploi) et sur une Europe plus puissante. Il veut rassembler la gauche autour d’une « nouvelle force politique » dans une « maison commune » qui inclurait Place Publique mais aussi, avec les réformistes, les écologistes et les communistes. Celle-ci fera émerger, dit-il, « une candidature unique » pour la présidentielle, autour d’une nouvelle génération politique, de Raphaël Glucksmann à Carole Delga, en passant par Michaël Delafosse ou Boris Vallaud. Son appel au « renouveau » pour battre le RN à la présidentielle exclut François Hollande, dont il se contente de vanter l’expérience et la maîtrise des affaires internationales.

Depuis le Congrès de 2023, aucun des deux opposants officiels d’Olivier Faure n’a donc posé son sac. Pis, certains ex-alliés du Premier Secrétaire se sont rebellés à sa gauche contre la non-censure du gouvernement Bayrou. D’autres personnalités, autrefois proches de lui et toujours membres de son courant, ont pris le large, ralliant à eux des troupes militantes. Les plus déterminés sont Karim Bouamrane, le talentueux maire de Saint-Ouen et Philippe Brun, le compétent membre de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Les plus expérimentés sont aussi les plus hésitants : Jérôme Guedj, un peu seul, et Boris Vallaud, l’efficace président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, qui espérait qu’Olivier Faure lui offre le parti sur un plateau. Ces deux-là oseront-ils partir au combat ?

Olivier Faure escompte qu’une troisième élection comme premier secrétaire favorisera sa propre candidature à la présidentielle. Une perspective que contestent ses opposants. « Y aura-t-il face à Olivier Faure, plusieurs motions ou une seule, c’est la question », s’interroge Jean-Christophe Cambadélis, l’un de ses prédécesseurs. Portées chacune par un candidat, plusieurs motions affaibliraient Olivier Faure de l’intérieur mais elles compliqueraient aussi le choix du champion capable de le détrôner. Une seule motion l’obligerait à affronter un candidat de rassemblement, sans doute plus dangereux.

Depuis plusieurs mois, Olivier Faure s’est affranchi de LFI. Il a refusé à plusieurs reprises de voter une motion de censure qui aurait fait tomber le gouvernement Bayrou. Habile, cette tactique avait aussi pour objectif de déminer les critiques en vue du Congrès. Suffira-t-elle à le sauver ? La multiplicité des candidats qui le défient le fragilise. Mais elle peut aussi le conforter : faute de candidat indiscutable, il peut encore s’imposer par défaut…

Valérie Lecasble

Editorialiste politique