Congrès PS : se rassembler ou dépérir

par Valérie Lecasble |  publié le 13/06/2025

C’est un Parti socialiste affaibli et divisé qui ouvre son Congrès à Nancy. S’il veut le sursaut, le Premier secrétaire minoritaire est condamné à rassembler. Mais convaincu que son élection a tranché la ligne politique en sa faveur, Olivier Faure trouvera-t-il le chemin de la réconciliation ?

Johanna Rolland, première secrétaire nationale adjointe du PS, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et député, et Mathieu Klein, maire de Nancy et membre du PS, assistent au 81e congrès du Parti socialiste à Nancy, le 13 juin 2025. (Photo Jean-Christophe VERHAEGEN / AFP)

Au final, personne n’a gagné en ce jour d’ouverture à Nancy du 81ème Congrès du Parti socialiste. Ni Olivier Faure qui, avec 42 % des voix en faveur de son texte d’orientation, se retrouve Premier secrétaire minoritaire avec son plus mauvais score depuis sept ans. Ni Nicolas Mayer-Rossignol qui, avec légèrement moins que lui, n’a pas réussi à le détrôner malgré la fusion de ses opposants et l’arrivée de nouvelles personnalités. Ni même Boris Vallaud qui, avec ses 17%, s’est immiscé dans le jeu sans renverser la table.

C’est donc un Congrès de minoritaires qui réunit pendant trois jours ses leaders divisés. L’enjeu ? Éviter la catastrophe c’est-à-dire que chacun retourne chez soi, frustré et dégoûté, au risque de voir se rétrécir encore le nombre déjà réduit de ses 40 000 militants dont guère plus de la moitié a participé au vote. Un délitement pour ce parti qui comptait 250 000 militants du temps de François Mitterrand…

Le sursaut passe par un indispensable rassemblement, scandent les recalés de la course. Pour participer à la direction nationale, Nicolas Mayer-Rossignol pose ses conditions : le refus clair de toute alliance avec LFI au niveau national même en cas de dissolution ; et le choix d’un candidat social-démocrate pour l’élection présidentielle avant tout élargissement au reste de la gauche. Boris Vallaud s’accorde sur la désignation d’un candidat socialiste à la présidentielle et appelle à l’unité du parti. Il défend son concept de « démarchandisation » qui lui a valu un article dans le Monde, un sujet sur France Inter et la proposition d’y consacrer un livre.

Et puis il y a Olivier Faure, le Premier secrétaire réélu, convaincu que son élection a tranché le débat en faveur de sa ligne. « Lors de tout vote de 50% + une voix, l’orientation stratégique doit être reconnue par les uns et les autres », assène Johanna Rolland, la maire de Nantes qui lui est proche.

Or la ligne d’Olivier Faure est à l’inverse de celle des deux autres courants. « Le principe d’une candidature commune » à toute la gauche sans LFI « est acté », comme la meilleure façon de battre le Rassemblement National, décrit Johanna Rolland qui impose d’emblée une « plateforme commune de François Ruffin à Raphaël Glucksmann », tout en repoussant à après les élections municipales la meilleure façon de l’organiser. Une primaire simple ou bien délibérative ? Une convention citoyenne ? La proposition devra, dit-elle, être ratifiée par les militants.

Cette plateforme commune diluera les socialistes et poussera à la radicalité d’une candidature plus à gauche s’inquiètent les opposants qui appellent à la tenue d’une commission de résolution afin de rapprocher les points de vue. Une hypothèse remplacée dans le programme du Congrès par de simples déclarations sur les textes d’orientation, suivies de débats mais sans véritable négociation.

Il est vrai que depuis le pugilat du Congrès de Reims, qui avaient vu s’affronter une nuit entière les partisans de Ségolène Royal et ceux de Martine Aubry, cette commission de résolution a mauvaise presse et a été rayée des statuts. Mais comment aligner les planètes sans elle ? « L’heure est au rassemblement et à tendre la main à chaque socialiste dans un état d’esprit de clarté et d’apaisement », veut croire Johanna Rolland, qui, satisfaite que chacun ait reconnu les résultats du Congrès, promet d’« ouvrir l’élaboration du projet à l’ensemble des sensibilités du parti ».

La bataille des municipales servira de test. Le PS conservera-t-il ses bastions et en gagnera-t-il d’autres ? Dans quelle configuration ? Si Olivier Faure promet qu’il n’y aura pas d’accord national entre le PS et LFI, il laisse la porte ouverte s’il y avait un risque de faire élire un candidat du Rassemblement National.

Outre les municipales, les socialistes n’en ont pas fini avec leurs divergences qu’il s’agisse des conclusions du conclave sur les retraites avec l’âge légal maintenu à 64 ans ; ou de l’éventuelle censure du prochain budget. Divisés, ils se condamneraient à rester chacun dans leur couloir, minoritaires et incapables de figurer dans la course à la présidentielle où Olivier Faure et Boris Vallaud rêvent de se lancer.

La perspective profiterait-elle à Raphaël Glucksmann, testé en tête de la gauche dans les sondages et qui a tendu la main à Olivier Faure sur France 2, lors des 4 vérités ? Ou à François Hollande, expert en divisions, qui a remporté la primaire de 2011 face à Martine Aubry et à Dominique Strauss-Kahn ? Rebondir ensemble dans l’unité ou bien couler dans la division. Si ce Congrès n’éclaircit rien, il laisse ouvert toutes les possibilités.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique