Lutte anti-drogue, l’exemple italien

par Marcelle Padovani |  publié le 07/02/2025

En visite en Italie le 3 février dernier, le ministre français de la Justice a pu découvrir tout un arsenal juridique destiné à lutter contre les associations mafieuses. Une source d’inspiration.

Gérald Darmanin devant la prison de Rebibbia, au nord de Rome, le 3 février 2024. Capture d'écran BFM TV

Lorsque Gérald Darmanin, 43 ans, juriste et ministre de la Justice, débarque à Rome le 3 Février, il ne sait pas encore qu’il s’apprête à découvrir un énième « miracle italien ». Il ignore ainsi que cette terre d’élection des mafias, avec sa Cosa Nostra , sa ‘Ndrangheta et sa Camorra, a mis sur pieds la plus efficace des polices Antimafia de la planète. Présente sur tout le territoire mais centralisée à Rome, cette cellule Antimafia a réussi à déstabiliser, et quelquefois à désarticuler, la plupart des organisations criminelles mafieuses italiennes.

La bonne nouvelle lui sera confirmée lors de sa première visite, celle d’une prison de haute sécurité, nichée à Rebibbia au nord de la capitale. Voilà un pôle pénitentiaire exemplaire rassemblant, en quatre bâtiments, 2 000 détenus, dont 334 sont affectés au régime dit du « 41 Bis ». Cet article du code pénal, élaboré en 1986 et réaménagé en 1992 après l’assassinat du juge Giovanni Falcone, est devenu célèbre en Italie – il surgit chaque fois que l’on évoque une répression efficace. Voici les grandes lignes : le condamné vit dans une cellule individuelle, sans aucun contact avec d’autres détenus, bénéficie au mieux de deux heures de sociabilité controlée par jour, d’une rencontre familiale et de dix minutes de conversation téléphonique une fois par mois. Il s’agit bien d’ un « carcere duro », une prison dure, ses concepteurs ayant compris que la force des parrains en prison dépendait de leur capacité à continuer à communiquer avec le monde extérieur.

Alors que ce régime carcéral spécial frappe actuellement 740 mafiosi et terroristes, controlés par un personnel qualifié, le ministre français a apprécié le « modèle ». Il s’est aussi entretenu avec le Procureur National Antimafia, Giovanni Melillo, notamment sur le thème des structures globales de combat, dont le Parquet National Antimafia (PNA) justement, voulu par Giovanni Falcone, contrôlant ou unifiant les méthodes de la répression pénale. Ou encore la Direction de l’Investigation Antimafia (DIA), qui organise et supervise les enquêtes de police. 

Enfin, Gérald Darmanin a pu se renseigner sur le bijou le plus original de l’appareil anti crime italien : la loi qui instaure le « délit d’association mafieuse », permettant, comme son nom l’indique, de condamner un suspect simplement parce qu’il est reconnu membre d’un groupement criminel, même s’il n’a commis aucun délit. 

La France a longtemps été sceptique quant à cet ultime instrument légal. Mais beaucoup pensent que le voyage romain de Darmanin peut faire naître un « miracle français » à partir du « miracle italien ».  

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome