Derrière Barnier, le vrai décideur : Alexis Kohler
La nomination de l’ancien commissaire européen du Brexit comble les vœux de l’éminence grise du président.
Tout ça pour ça ! Depuis plus d’un mois, le nom de Michel Barnier, parmi tant d’autres, circulait pour être nommé Premier ministre. Ex-commissaire européen, il s’ennuie et est prêt à reprendre du service depuis qu’il a négocié avec succès le Brexit. C’est donc lui, cheval de retour gris et classiquement de droite.
Il avait songé sans succès être candidat à la Présidentielle de 2022 ayant échoué aux primaires de la droite et espérait remplacer Thierry Breton à la fin de son mandat de commissaire européen. Mais il s’est heurté au refus d’Emmanuel Macron qui le trouvait trop vieux, trop ancien monde, pas assez nouveau. Un « has been », en somme…
Son atout, décisif : il était le premier choix d’Alexis Kohler, l’incontournable secrétaire général de l’Élysée, qui dirige en réalité la France en coulisses depuis sept ans. Pendant qu’Emmanuel Macron reçoit et discute, Alexis Kohler décide. Il recrute, nomme et congédie les hauts fonctionnaires de l’État, et ne se heurte plus à aucun contre-pouvoir, depuis que, l’une après l’autre, les figures historiques de la macronie ont quitté l’Élysée.
Avec Emmanuel Moulin, l’ancien directeur du Trésor qu’il a placé comme directeur de cabinet de Gabriel Attal, il s’inquiétait des comptes du pays, qui sont exécrables. Michel Barnier a l’avantage de connaître Bruxelles comme sa poche. En lien avec Emmanuel Moulin et Bercy, il est le mieux placé pour faire patienter les technocrates européens .
« Alexis Kohler va continuer à gouverner. Michel Barnier qui a une longue carrière politique, est souple comme un roseau », commente l’un de ses proches qui par ailleurs le respecte. Pendant plus de cinquante jours, Emmanuel Macron a amusé la galerie en faisant croire qu’il allait nommer à Matignon une vraie personnalité politique, Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand, des présidentiables qui auraient pu lui faire de l’ombre. Sous la pression d’Alexis Kohler, il se rabat sur un politique certes mais technique et sans ambition d’avenir . Celui qui in fine, pense-t-il, va lui permettre de garder le contrôle .
Valérie Lecasble