Des JO pour enjôler les Français

par Valérie Lecasble |  publié le 31/07/2024

Les médailles olympiques détournent les yeux de la population française de la politique. Histoire de faire oublier les derniers mois de désastre.

Léon Marchand Photo by Jonathan NACKSTRAND / AFP)

Les aoûtiens partent en vacances alors que les exploits des sportifs ont envahi les écrans de télévision. Une pluie de médailles pour la France après quelques jours seulement, un record inégalé dans l’histoire des Jeux Olympiques ! Leurs nouvelles stars s’appellent Antoine Dupont (rugby), Léon Marchand (natation), Cassandre Beaugrand (triathlon) Nicolas Gestin (canoë kayak), Manon Brunet-Apithy (sabre), auxquelles il faut ajouter la belle brochette du judo : Shirine Boukli, Luka Mkheidze, Amandine Buchard, Sarah Léonie Cysique, Joan Benjamin Gaba et Clarisse Agbegnenou.

De quoi redonner un peu de fierté aux Français, qui discourent encore sur les atouts et les failles de la Cérémonie d’ouverture : magique et créative pour les uns, impressionnés par le génie français ; déjantée et blasphématoire pour d’autres, choqués que les racines chrétiennes de la France aient été malmenées.

Une polémique nouvelle qui entretient celle, plus ancienne, entre partisans et adversaires de l’alliance passée par le Nouveau Front Populaire, ou encore celle de la menace que font peser les extrêmes, Jean-Luc Mélenchon loin devant Marine Le Pen. Jusqu’à faire regretter à certains l’espoir brisé du score réalisé par Raphaël Glucksmann.

Tourner la page

Au total, on sent les Français désorientés et heureux de tourner la page des élections européennes, puis législatives, et de ces folles semaines où personne n’a semblé en capacité de dénicher un Premier Ministre digne de ce nom.

Qu’est donc devenue la classe politique française, se lamentent-ils, celle de la belle époque, où les grands ténors les faisaient vibrer ? Au final, le casting est resté identique, et se résume à Emmanuel Macron à l’Élysée, Gabriel Attal provisoirement à Matignon et Yaël Braun-Pivet au perchoir, un trio sans boussole ni pouvoir que le vote des Français, après la dissolution, avait pourtant désavoué. Tout ça pour ça !

L’ambiance est délétère. Épuisés par des mois de campagne électorale, les ministres macronistes quittent les ors de la République, convaincus qu’ils ne les retrouveront pas. À gauche comme à droite, c’est la déprime. Au Nouveau Front Populaire où l’on n’a pas su imposer un Premier ministre ; dans le bloc central où l’on perdu dans l’aventure une centaine de députés ; et au Rassemblement National où l’on a le sentiment de s’être fait voler la victoire.

Un seul persiste à vouloir se montrer satisfait, Emmanuel Macron, le grand responsable de la situation, qui est en passe de réussir son pari : tenir sans gouvernement ni majorité à l’Assemblée nationale jusqu’au retour de vacances des Français qui, espère-t-il, seront réconciliés par les épreuves spectaculaires des Jeux Olympiques, moins en colère qu’avant l’été.

D’ici là, il va travailler à tenter de reconstituer ce qu’il a détruit. Gabriel Attal lui a remis six « propositions en vue d’un Pacte d’action pour les Français », où les valeurs de la République, le pouvoir d’achat, l’environnement, la sécurité, les services publics et la souveraineté sont les piliers qui doivent servir de base de discussion en vue de constituer une majorité à l’Assemblée nationale. Autour de quel axe politique ? Ni le Nouveau Front Populaire, ni la Droite Républicaine, a promis le Président de la République, mais plutôt une personnalité indépendante et, si c’est possible, consensuelle qui serait compatible aussi bien avec la gauche qu’avec la droite.

Réfugié sur son lieu de vacances au Fort de Brégançon, Emmanuel Macron a promis qu’il rendrait sa décision… après les Jeux Olympiques.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique