Diane Arbus : quand la BD dessine la photo
Un roman graphique sensible et très personnel se lance dans le biopic de l’Américaine Diane Arbus, pionnière du réalisme photographique.

Photographier les Invisibles, c’est le joli titre du roman graphique consacré à Diane Arbus, offrant une plongée subtile et sensible dans l’univers complexe de la célèbre artiste américaine. En choisissant une palette chromatique dominée par des nuances de bleu, l’autrice Aurélie Wilmet instaure dès les premières pages une atmosphère de mélancolie douce qui accompagne parfaitement le récit soulignant le lien entre l’artiste et son œuvre.
On découvre ainsi le parcours de vie de la jeune New-Yorkaise née Diane Nemerov, marquée par sa liaison, à l’âge de 14 ans, avec le photographe et comédien Allan Arbus, qu’elle épouse à 18 ans. S’ensuit leur découverte commune du travail photographique, puis la succession d’aventures artistiques et personnelles qui jalonnent le complexe parcours individuel de la photographe, jusqu’à l’affirmation de sa profonde originalité artistique.
Le récit s’attache à décrire le passage de la photographie de mode au travail documentaire, quand Diane Arbus se met à saisir la vie au fil des rues, dans la lignée d’un Henri Cartier-Bresson. Puis, surtout, la décision de l’artiste de mettre en lumière des individus que la société relègue habituellement dans l’ombre, marginaux, travestis, géants difformes… Le traitement graphique sobre et épuré – presque une œuvre d’art plastique à part entière – met en valeur l’intensité émotionnelle de ces rencontres entre Arbus et ses sujets. En s’écartant soigneusement de tout voyeurisme, le récit propose ainsi une réflexion sensible sur la dignité, mais aussi sur la visibilité et l’invisibilité dans notre société.
Diane Arbus, Photographier les Invisibles, Aurélie Wilmet, éditions Casterman, 216 pages, 29,95€
Consulter les planches de la BD de la page 7, de la page 10, de la page 20, de la page 36, de la page 114 ainsi que la page 118 en cliquant sur ce lien