Donald, Giorgia et les bases américaines de la péninsule

par Marcelle Padovani |  publié le 27/06/2025

Au sommet de l’OTAN à La Haye, toutes les occasions étaient bonnes pour Giorgia Meloni de se faire photographier avec Donald Trump. Fine silhouette féminine d’un côté, monstre dodu de l’autre, les drôles d’alliés semblaient bel et bien politiquement compatibles.

Des manifestants défilent à Naples, en Italie, le 23 juin 2025, pour protester suite à l'attaque de l'Iran par les États-Unis. Le cortège, parti de la Piazza Sannazaro pour rejoindre le consulat américain, a été bloqué par la police le long de la Via Caracciolo. (Photo de Paolo Manzo / NurPhoto via AFP)

Historiquement, l’Italie a toujours été une alliée fidèle et reconnaissante envers sa grande sœur américaine. À l’heure du conflit Iran-Israël-USA, beaucoup d’Italiens, sollicités par les médias, ont découvert les signes inattendus de cet “innamoramento” : la présence sur le territoire national de 7 bases américaines, installées et gérées depuis 1954 par les soldats américains. Rappelons ici que ces bases ont la particularité de ne répondre qu’aux ordres venus de Washington. 

À Aviano (Frioul), voilà 5,5 millions de m2 de surface et 35 bombes atomiques  ; à Vicenza (Vénétie) un campement plus classique ; à Livourne (Toscane) un Camp Darby, dédié au stockage des missiles ; à Naples (Campanie) une structure spécialisée dans le support aux activités navales  ; à Gaeta (Latium) un port d’attache ; à Ghedi (Lombardie) des engins nucléaires ; à Sigonella (Sicile) enfin, une base aérienne et navale. D’autres plus petits sites s’éparpillent aussi en Sardaigne, dans les Pouilles et en Calabre. 

Les Italiens ont aussi découvert que ces bases “autonomes” étaient financées par l’État italien à hauteur de 37% de leur budget. Un rapport du Département de la Défense des États Unis l’a révélé. On y apprend aussi que les 12 000 militaires américains permanents bénéficient de remises permanentes sur leurs factures et leurs transports. 

Comme le souligne le Corriere della Sera, l’offensive américaine en Iran a conduit à l’instauration d’un état d’alerte à la base d’Aviano. La Repubblica avance quant à elle que huit-cent sites ou personnalités américaines ont été déclarées « sensibles » et protégés en fonction, comme le super yacht sur lequel vit l’actuel ambassadeur des États-Unis en Italie, Tilman Fertitta, préférant les eaux de Civitavecchia à la traditionnelle résidence diplomatique de la Villa Taverna à Rome.  

Tout semble alors annoncer que les clichés de Donald et Giorgia comme ceux de La Haye ne sont pas voués à disparaitre, bien au contraire. 

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome