École publique : Liberté, Égalité, Laïcité

par Boris Enet |  publié le 03/09/2024

À Montpellier, on ne badine pas avec la laïcité, tant mieux !

France, Villeparisis- Rentrée scolaire. Photographie Panayotis Pavleas / Hans Lucas

C’est une des marques de fabrique de l’énergique maire de Montpellier, Michaël Delafosse. La laïcité, longtemps creuset de la gauche et du socialisme contre la toute-puissance des cultes, demeure une priorité dans la capitale héraultaise.La dernière affirmation de cette politique dans l’espace public ? Tous les panneaux des écoles primaires indiquent depuis cette rentrée « école publique laïque » comme pour mieux souligner le caractère protecteur et émancipateur de l’ambition laïque. « Ça va mieux en le disant » plaisante le premier édile, à l’occasion de la visite des chantiers actuels des établissements scolaires.

Mais l’on aurait tort de limiter la détermination laïque de la majorité métropolitaine à ce seul coup d’éclat. Cette conviction est chevillée au corps de cette gauche qui refuse de se laisser embarquer par des calculs bassement électoraux au nom d’un communautarisme téléguidé. Cette gauche a pris la mesure des attaques, parfois mortelles contre la République et ses premiers serviteurs, les enseignants, au paroxysme depuis plus d’une décennie. Mais elle a aussi saisi l’offensive idéologique en cours, contre cet héritage républicain pourtant irremplaçable.

Célébration d’une école Samuel Paty dans un quartier de Montpellier, défense des enseignants par la mairie qui se porte partie civile contre les agressions dont seraient victimes des professeurs, médiatisation et mise en exergue de la journée de la laïcité, lancement du comité laïcité république en mai dernier, c’est tout un paratonnerre qui se déploie à Montpellier pour inverser l’atmosphère longtemps si dégradé sur la question. Naturellement, cette dernière mesure fièrement revendiquée dans l’espace public trouve ses détracteurs. La France Insoumise et ses principaux chefs de file locaux y dénoncent une nouvelle démonstration « d’islamophobie », à mi-chemin entre la condescendance la plus pathétique et le cynisme le plus machiavélique.

En réalité, qui n’a pas vécu le traumatisme et l’effroi des salles de professeurs ces dernières années devant les actes terroristes à l’encontre de Samuel Paty ou de Dominique Bernard, ne saurait comprendre la nécessité impérieuse de réaffirmer cette vieille devise républicaine dans l’espace public. Qui n’a pas subi les pressions sur la tenue vestimentaire, les cours de piscine, ceux de sciences et vie de la terre, d’histoire voire de musique, détourne le regard. Cela ne relève pas du caprice, mais d’une défense républicaine indispensable. C’est probablement parce que le maire de Montpellier demeure un enseignant d’histoire passionné et un pédagogue infatigable qu’il se porte à l’avant-garde du combat pour une laïcité intacte, universelle et originelle contre tous ceux qui la dévoient, par bêtise ou calcul.

Mais c’est également un principe intangible qui scinde la gauche de gouvernement héritière du compromis offensif de 1905 d’un populisme sans principes, prêt à tout ou presque pour parvenir à ses fins. Alors vive l’école publique laïque !

Boris Enet