Faure joue son va-tout
Le Premier secrétaire du PS profite de l’exclusion des socialistes prononcée par Jean-Luc Mélenchon pour tenter de se faire reconduire à son poste : de l’affidé de Mélenchon, il s’est ripoliné en sauveur du gouvernement Bayrou. Suffisant pour l’emporter ?
Dans la Tribune Dimanche, Jean-Luc Mélenchon décrète « les socialistes ne sont plus ses alliés ». Olivier Faure a sauté sur l’occasion pour convoquer un Congrès du Parti socialiste à la mi-juin. Sans surprise, il annonce qu’il se porte candidat à sa propre succession, suggérant qu’il pourrait bien être candidat à la présidentielle de 2027.
Aucun hasard dans cette décision. Mélenchon faisant bande à part, Faure se pose en artisan du rapprochement des socialistes avec les écologistes et le Parti communiste, celui qui reconstituera l’union de la gauche sans la France Insoumise. Un tournant qu’il prépare depuis la nomination de François Bayrou à Matignon. En sanctionnant Michel Barnier, les socialistes avaient démontré qu’ils pouvaient faire ou défaire les gouvernements, quoi qu’en dise la France insoumise. Faure prend alors une décision stratégique. Voyant son « ami » Eric Lombard nommé à Bercy, il va se refaire une virginité. Il ripoline son image en démontrant qu’il refuse, à la différence de Jean-Luc Mélenchon, de plonger le pays dans le chaos.
Les Français découvrent un Olivier Faure jusque-là ignoré : il court les media, multiplie les déplacements et s’affiche comme celui qui a sauvé Bayrou sans céder sur les « valeurs ». Sa stratégie paye : ceux qui hier le détestaient lui donnent le point et reconnaissent qu’il ne pratique plus, comme il aime le dire « la politique du pire, qui est le pire de la politique ». Certes, il ne voulait pas rompre avec LFI, toujours inquiet du risque électoral encouru par celui qui brise la sacro-sainte union de la gauche. L’excommunication prononcée par Jean-Luc Mélenchon lui laisse les mains libres.
Qui pour l’affronter au prochain Congrès ? Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy mènent la fronde mais il leur manque le charisme qui les imposerait. Boris Vallaud domine les socialistes à l’Assemblée, mais aura-t-il le culot de défier son complice Olivier Faure ? D’autres noms circulent, comme celui de Philippe Brun, rapporteur socialiste du budget, ou celui de Michaël Delafosse, le respecté maire de Montpellier, sans qu’ils soient pour autant plébiscités.
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Une certitude : Oliver Faure veut profiter de la bataille pour se débarrasser de la « vieille génération », menée au Parlement par François Hollande, qu’il respecte mais dont il a depuis sept ans dénoncé le bilan. « Seul un plus jeune, comme Faure, a la capacité de rassembler la gauche non-LFI », assène un spécialiste. Voire… Pour y parvenir il lui faudrait se rapprocher de nouveau des Insoumis, dont une Marine Tondelier ne veut en rien se démarquer. A moins qu’il ne réussisse à fracturer les écologistes, ce qui n’a rien de gagné. Il part donc au Congrès sans certitude d’y survivre, escomptant seulement que le moment lui sera favorable. Les militants devront décider s’il est le mieux à même de les conduire dans cette phase nouvelle de l’histoire de la gauche.