Gaza : les faiblesses d’un accord
Le « deal » conclu pour arrêter la guerre de Gaza fait espérer l’apaisement. Mais deux obstacles redoutables se dressent devant les négociateurs.
Enfin une lueur d’espoir… Le travail opiniâtre de l’administration Biden et l’imprévisibilité de Donald Trump, qui a menacé Gaza de « l’enfer » si rien n’était conclu, ont fait aboutir une négociation commencée il y a un an par les démocrates américains. On peut espérer la libération progressive – mais totale – des otages israéliens martyrisés dans les geôles du Hamas, l’arrêt des combats et le retrait, tout aussi progressif, de l’armée israélienne.
Selon le ratio habituel des libérations croisées – humiliant pour les Palestiniens – quelque 1000 prisonniers seront élargis des prisons israéliennes, dont un certain nombre de terroristes avérés, contre quelques dizaines d’otages israéliens, du moins ceux qui sont encore vivants, tant leurs conditions de détention étaient inhumaines. La propagande du Hamas ne manquera pas de présenter cette énorme disparité comme une victoire, ce qui renvoie à une des tares du fanatisme islamiste : son refus pathologique de reconnaître une quelconque défaite, alors qu’en l’occurrence, il a été écrasé militairement et très affaibli politiquement, et sa manie perverse de considérer que chaque désastre est une étape vers la victoire finale, quel qu’en soit le prix en vies humaines.
Certains parlent déjà de trouver une « solution politique », dont les paramètres sont connus : un cessez-le-feu permanent, la reconstruction de Gaza et la reprise de la marche vers « les deux États », seule issue rationnelle à cette guerre de cent ans. C’est brûler les étapes. On sera déjà assez satisfait si deux écueils majeurs sont évités.
Primo, la reconstruction envisagée n’est possible, sans reprise de la guerre, que si le Hamas renonce clairement à détourner les aides internationales pour se remettre à creuser des tunnels, à fabriquer des missiles et à entraîner de futurs terroristes, tous agissements qui ont conduit Gaza au massacre et à la ruine que chacun peut constater. Secundo, on sera quelque peu rasséréné si l’extrême-droite israélienne, soutenue par les dingos mystiques de l’évangélisme américain, échoue à mener le gouvernement (qui dépend de leur vote à la Knesset) vers une folle annexion en Cisjordanie.
Alors seulement, la petite lueur née de l’accord conclu peut se changer en une lumière d’espoir. Celle-ci suppose le retrait complet de l’armée israélienne, accompagné de l’émergence d’un pouvoir transitoire à Gaza issu de la population mais dégagé de l’emprise du Hamas, et d’un « deal » – puisque c’est la terminologie désormais en vigueur – négocié avec les États du Golfe. Un deal qui finance la reconstruction et comprenne, sous une forme ou une autre, la prise en compte progressives des justes revendications palestiniennes. Israël a vaincu le Hamas sans aucune contestation possible.
La guerre a démontré la stupidité insigne des stratèges islamistes, qui se sont littéralement suicidés, et, au passage, l’imbécillité du slogan en vogue dans les universités américaines et dans la gauche radicale française, « Free Palestine from the river to the sea ». Mais contrairement à ce qu’espère toujours la droite israélienne, cette guerre, aussi meurtrière qu’elle ait été, n’a pas tué l’aspiration élémentaire du peuple palestinien à l’émancipation.