Glucksmann bat Mélenchon

par Valérie Lecasble |  publié le 05/05/2025

S’il était le seul candidat de la gauche non-LFI au premier tour de l’élection présidentielle de 2027, Raphaël Glucksmann devancerait Jean-Luc Mélenchon, nous dit la grande enquête Hexagone-IFOP.

Jean-Luc Mélenchon, lors de la réunion avec les New York City Democratic Socialists of America, à New York, le 22 avril 2025. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP) Raphaël Glucksmann, lors du congrès de Place Publique à Paris le 16 mars 2025. (Photo de STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Un sondage ne fait pas une élection, à fortiori deux années avant la date fatidique de mai 2027 et sans que les candidats ne se soient encore déclarés. Mais la grande enquête que vient de publier l’IFOP pour Hexagone éclaircit quelques tendances lors du premier tour de la prochaine présidentielle.

La photo générale n’offre guère de surprise, d’un sondage à l’autre, le scénario se répète : les intentions de vote en faveur de toute la gauche restent scotchées à 30 % tandis que le candidat RN caracole en tête – qu’il s’agisse de Jordan Bardella ou de Marine Le Pen – entre 32 et 35 %. Dans toutes les configurations, c’est le candidat centriste, en l’occurrence Edouard Philippe, qui est qualifié au second tour face au RN avec un score qui oscille entre 15% si Gabriel Attal décidait de se présenter face à lui et 26% si l’ex-premier ministre y allait tout seul.

Voici donc le paysage politique figé avec une présidentielle pliée : les électeurs condamnés à arbitrer un match RN-Edouard Philippe sans aucun espoir de voir la gauche y figurer ?

Ce serait aller trop vite en besogne. D’abord, on l’a dit, parce qu’à deux ans de l’échéance, rien n’est joué. Ensuite parce qu’à y regarder de plus près, une lueur d’espoir apparaît.

Au sein de la gauche, Jean-Luc Mélenchon est scotché à 10 % d’intentions de vote, un seuil insuffisant pour être qualifié pour le second tour et qu’il ne parvient pas à dépasser, sauf dans une seule circonstance : celle où les trois autres candidats de gauche testés, à savoir François Ruffin (5%), Fabien Roussel (2,5%) et Marine Tondelier (2 à 3%), renonçaient à se présenter. Le leader de LFI grimperait alors à … 13 %, soit une maigre percée si l’on calcule que parmi les 10 % qu’auraient récoltés les trois autres candidats ensemble, il en décroche seulement … 3%. Autant dire quelques miettes qui ne lui permettent toujours pas de figurer au second tour.

Mais c’est là que se joue le plus important : Raphaël Glucksmann, seul de la mouvance socialiste à être testé dans ce sondage, recueille, tout comme Jean-Luc Mélenchon, 10 % des suffrages. Sauf dans cette configuration de duel où ils seraient les deux seuls candidats de toute la gauche, il le devancerait alors de deux points à … 15% contre 13% ! Glucksmann, en tête à gauche devant Mélenchon au premier tour de la présidentielle ? Cette perspective symbolique inédite ouvre de nouveaux horizons.

Poursuivons, avec une autre hypothèse, peu probable, où Gabriel Attal serait le seul candidat du centre, Edouard Philippe ayant renoncé, Raphaël Glucksmann devance une fois encore Jean-Luc Mélenchon à 11,5 % contre 10 %. La preuve que quand le centre est faible, le candidat social-démocrate réitère le bon score qu’il a obtenu aux élections européennes, en cantonnant LFI sur sa gauche et en élargissant vers les ex-électeurs macronistes sur sa droite.

Bref, rien ne sert de désespérer. Oui la gauche est aujourd’hui faible, incapable de figurer au second tour de la présidentielle. Mais en misant sur une ligne clairement sociale-démocrate, elle a un potentiel de développement supérieur à celui de La France Insoumise qui plafonne quelles que soient les circonstances. 2027 ne devrait pas ressembler à 2022 : aux sociaux-démocrates désormais de lancer la dynamique.
Valérie Lecasble

Valérie Lecasble

Editorialiste politique