Hamlet Macron

par Valérie Lecasble |  publié le 12/12/2024

Quel que soit son choix, le Président de la République aura donné le sentiment d’un flottement généralisé à la tête de l’Etat. Avec pour seule boussole son obstination à préserver son bilan.

François Bayrou et Emmanuel Macron après un entretien à l'Elysée, à Paris, le 21 juin 2022. (Photo de Ludovic MARIN/PISCINE/AFP)

Occasion manquée : il aurait dû annoncer la nomination de François Bayrou à Matignon il y a une semaine, lorsqu’il a parlé aux Français à son retour de Riyad. Il aurait alors respecté le délai qu’il avait lui-même fixé et donné le sentiment de reprendre la main. Le patron du Modem offrait plusieurs avantages. Celui qui lui a donné un coup de pouce décisif en 2017 est resté depuis sept ans à ses côtés. En dépit de son caractère imprévisible, il a prouvé sa fidélité. En cela, Emmanuel Macron pouvait être assuré que la condition numéro un qu’il pose à un candidat à Matignon, celle de préserver son bilan, serait respectée. Aussi bien, François Bayrou était compatible avec la gauche, qu’il a soutenue, et avec la droite, jusqu’au Rassemblement National, pour lequel il a eu des gestes de soutien.

C’est Nicolas Sarkozy, toujours allergique à François Bayrou – celui-ci avait appelé à voter François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012 – qui a exprimé sa colère et son refus. Dès lors, le bras d’Emmanuel Macron a tremblé. Il s’est mis à douter, à consulter les uns et les autres, fixant chaque jour une nouvelle échéance qu’il n’a cessé de reporter. La date butoir du jeudi 12 décembre au soir n’a pas été tenue plus que les autres. Bernard Cazeneuve ? Roland Lescure ? Pierre Moscovici ? Un autre ? On disserte à l’infini, dans le vide.

Son entourage a fini par l’avouer : Emmanuel Macron n’a pas tranché. Il poursuit sa tactique des ballons d’essai qui met les nerfs de tout le monde à vif. Il est vrai qu’ il n’a plus le droit à l’erreur. Après Barnier, s’il se trompait une seconde fois, il verrait l’étau de la démission se resserrer, tant il donnerait l’image d’un Président réduit à l’impuissance. Ses défenseurs arguent qu’il vaut mieux subir un nouveau délai que nommer un chef de gouvernement qui pourrait être censuré. Mais le risque zéro n’existe pas… Tout cela laissera aux Français le spectacle d’une France à la dérive, dont le capitaine navigue sans cap ni boussole, au gré des vents la plupart du temps contraires.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique