IA : reprenons le contrôle de nos données personnelles !
Les enquêtes et témoignages que j’ai recueillis démontrent une inquiétude croissante des citoyens d’Amérique du Nord et d’Europe face à l’utilisation effrénée de leurs données par des géants technologiques comme OpenAI, Alphabet et Meta. Cette collecte massive de données, souvent sans égard pour la confidentialité et la propriété intellectuelle, souligne le besoin urgent d’une meilleure régulation. Mais pas seulement. Les réglementations, telles que le RGPD en Europe et PIPEDA au Canada, existent. De même que les centaines de cadres éthiques sur l’IA. Toutefois, la collecte continue des données par les géants numériques en révèle les limites. Nous avons besoin d’approches qui non seulement protègent, mais redonnent également un pouvoir de contrôle aux individus. C’est ici que le concept de « gouvernance éthique et inclusive des données » prend tout son sens. Dans mon livre, je m’appuie sur plusieurs cadres comme celui de l’Ada Lovelace Institute au Royaume-Uni, pour présenter un modèle qui intègre l’information, la consultation, l’engagement, la collaboration et l’empowerment des citoyens. Ces étapes permettent aux individus de participer activement aux décisions et aux actions qui concernent le traitement de leurs données personnelles, transformant ainsi les utilisateurs de données en partenaires éclairés et responsables. Ces initiatives, illustrées par des exemples concrets issus de divers pays, montrent que les bonnes pratiques existent et qu’elles peuvent être adaptées à différents contextes nationaux. Par exemple, au Québec, où je vis, nous avons mis en place des consultations citoyennes importantes en 2018, afin de produire la Déclaration de Montréal pour une IA responsable. En France, dans le secteur de la santé, le Health Data Hub s’est doté d’une Direction citoyenne active pour impliquer davantage les patients et le public dans la gestion de leurs données de santé. L’engagement citoyen autour des données est donc plus qu’une nécessité ; c’est une opportunité de redéfinir le rapport entre la technologie et l’humain. Mais pour cela, une impulsion politique forte est indispensable pour permettre à chacun de participer à la conception de technologies qui poursuivent nos valeurs et servent nos besoins. C’est là l’une des clés de la confiance qui semble aujourd’hui de plus en plus s’éroder dans le monde numérique. Par Cécile Petitgand – Autrice de “Données personnelles : reprenons le pouvoir »
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