Influenceur algérien : l’erreur de Marine Tondelier

par Laurent Joffrin |  publié le 12/01/2025

Dès lors que les règles de droit sont respectées, on a raison d’expulser ceux qui appellent à la haine et au meurtre. Sauf à mettre sur le même plan les étrangers qui respectent les lois – l’immense majorité – et ceux qui ne le font pas.

Laurent Joffrin

Marine Tondelier, sur RTL, estime que l’expulsion de « l’influenceur algérien » appelé Doualemm, n’est pas conforme à l’état de droit. Voilà le type même de la réaction qui nuit à la gauche. Car en fait, elle n’en sait rien et donne surtout le sentiment de prendre la défense d’un olibrius qui appelle à la haine et à la violence.

Reprenons : ce monsieur Doualemm publie une vidéo dans laquelle il appelle, dans des termes virulents, à la violence physique contre un opposant au régime algérien. Alerté, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, fait jouer l’article 40 du code de procédure pénale qui enjoint à tout représentant public ayant connaissance d’un délit de le signaler. Le préfet de l’Hérault réagit, puis le ministère de l’Intérieur : l’influenceur se voit retirer son titre de séjour, puis visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et expulsé vers l’Algérie, laquelle a refusé de le laisser rentrer dans son pays.

Il se trouve que les lois régissant le séjour des étrangers en France prévoient qu’un individu présentant une menace pour l’ordre public ou bien refusant les valeurs de la République française peut perdre son titre de séjour et, dès lors, risque l’expulsion. Autrement dit, on ne voit pas très bien, jusque-là, en quoi l’état de droit a été violé. Il a été appliqué avec célérité et fermeté, certes, mais non violé. Le juge des libertés, en tout cas, a validé la procédure, puisqu’il a accepté la prolongation de la mise en rétention de l’influenceur après son retour d’Algérie. En tout état de cause, un tribunal se prononcera, puisque les avocats de Doualemm vont porter l’affaire devant une cour d’appel.

La position péremptoire de Marine Tondelier repose ainsi sur des bases très fragiles. Dans ces conditions, pourquoi voler au secours de ce boutefeu ? En fait, c’est plutôt l’Algérie qu’on peut accuser de violer l’état de droit. Le refoulement de l’influenceur n’obéit à aucune règle. C’est ce que dit en tout cas Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration : la décision algérienne va « à l’encontre de toutes les règles internationales dès lors que la personne a un passeport à jour et qu’il s’agit de retourner dans le pays dont il a la nationalité (…) Cela rappelle la Russie stalinienne qui empêchait ses citoyens soit de sortir, soit de rentrer. » Rappelons aussi que l’Algérie détient depuis des semaines l’écrivain Boualem Sansal, à qui elle reproche, non d’appeler à la violence, mais de défendre une position différente de la sienne sur le Sahara occidental. Toutes choses que Marine Tondelier a oublié de signaler dans son plaidoyer.

Mauvaise querelle, donc : en prenant la défense d’un influenceur appelant à la violence, la cheffe des écologistes ne rend pas service à la gauche. La cause du droit des étrangers est juste et doit être défendue avec énergie. Mais cela suppose aussi de faire la distinction entre ceux qui ne demandent qu’à vivre et travailler en paix en France – la plupart d’entre eux – et les délinquants, dont les agissements encourent la rigueur des lois et ont, de surcroît, ont pour effet politique de faciliter la propagande du RN.

Laurent Joffrin