Italie : les diplômés décampent
Le plus grand phénomène de l’Histoire migratoire a vu 30 millions d’Italiens fuir la misère de la péninsule entre 1865 et 1985. Aujourd’hui, ils sont encore une centaine de milliers par an. Mais ces nouveaux émigrés sont jeunes, aisés et diplômes.
La Fondation Nord-Est, forum et think thank, s’est intéressée au problème. Le célèbre économiste Luca Paolazzi s’est ainsi concentré sur l’Italie de Nord, véritable moteur de l’économie péninsulaire. Résultats ? En deux décennies, la Vénétie a perdu 22 % de ses jeunes, la Lombardie 20 % et l’Émilie-Romagne 14 %.
Comme le souligne Paolazzi : « Cette émigration de masse, hautement qualifiée et apparemment sans retour, cette sorte d’élite universitaire en fuite s’est dirigée vraisemblablement vers l’Allemagne, les pays scandinaves, la Grande Bretagne, la France et les États-Unis. ». Les jeunes diplômés exercent ainsi leurs professions à l’étranger dans de meilleurs conditions, salaire compris. Les domaines sont multiples : transport aérien, informatique, électronique, recherche universitaire, banque, hôpital…
Pendant ce temps là, en Italie, le monde de l’instruction, de la médecine, de la recherche et mème de l’administration publique crient famine… L’Italien Alessandro Foti, chercheur en immunologie au Max Plank Institute de Berlin lance un signal d’alarme dans les journaux sur « l’évident manque d’attrait de l’Italie ». Il évoque aussi la chute de l’inventivité, la baisse du potentiel de croissance et de la productivité et mème la dénatalité.
Avec la fuite des jeunes, le nombre de naissances s’écroule et le phénomène frappe de plein fouet un pays déjà classé comme « le plus vieux du monde » avec le Japon. Aujourd’hui, l’Italie a du mal à réagir et son gouvernement semble dépassé.
Seul point positif de cette triste histoire : la fin d’une légende qui se plaisait à décrire une Péninsule envahie par d’inutiles migrants arrivés d’on ne sait où sur les côtes méridionales. Car si l’on compte correctement, on dénombre 131 000 immigrés entre 2018 et 2021 quand, sur la même période, 497 000 jeunes Italiens ont choisi de partir à l’étranger. Il serait temps de prendre conscience, souligne la Fondation Nord Est, que le vrai problème de l’Italie ce ne sont pas les immigrés, mais les émigrés.



