Karmitz, le rêveur entrepreneur
Réfugié parti de rien, Marin Karmitz a bâti sans concessions un empire cinématographique fondé sur l’exigence et la créativité.
C’est l’histoire d’un homme libre. Petit réfugié roumain fuyant la Shoah, jeune apprenti dans le Paris d’après-guerre, sans autre bagage qu’une énergie farouche … Toujours de gauche, militant contre la guerre d’Algérie et sur les barricades en mai 68, l’homme est devenu en quelques années un des grands du cinéma mondial. Passionné de contre-culture et de cinéma cosmopolite, il fut l’ami et le producteur des plus grands, de Becket, Truffaut, Godard, Varda, Resnais, Chabrol, Kieslowski, Duras …
Plusieurs échecs, bien sûr, mais beaucoup de succès, et jamais de concessions à l’air du temps. Avec, en arrière-plan, une fidélité discrète et ombrageuse à sa judéité. Sept palmes d’or à Cannes, trois Lions d’or à Venise, plus de trente Césars. Créateur visionnaire d’une entreprise de cinéma à son nom et finalement collectionneur avisé d’art moderne. Pas d’exception culturelle sans culture exceptionnelle.
Accompagner le parcours de Marin Karmitz, ses angoisses, ses combats et ses élans, c’est suivre une personnalité exceptionnelle : rares sont les êtres qui comme lui sont, à la fois, de grands entrepreneurs et de grands rêveurs. Un antidote aux passions tristes qui paralysent nos contemporains. Et une leçon de non-conformisme.
Marin Karmitz par Antoine de Baecque, Flammarion 2024.