La droite canicule
Au moment où une nouvelle vague chaleur frappe la France, dont les scientifiques estiment qu’elle découle du réchauffement climatique lié à l’activité humaine, la droite et l’extrême-droite saluent comme autant de victoires les reculs écologiques de ces dernières semaines.

Un « dôme de chaleur » va se poser cette semaine comme un couvercle sur le pays. Les températures vont atteindre les 40 degrés dans certaines régions, les records de chaleur seront une nouvelle fois battus et la canicule met en danger des milliers de personnes. Rappelons que les épisodes de ce type ont doublé en nombre depuis l’année 2000 et deviendront de plus en plus fréquents.
Voilà qui n’émeut guère une grande partie des élus, pourtant censés représenter les citoyens et se soucier des difficultés qui les assaillent : ceux de la droite et de l’extrême-droite. Bien au contraire, dans un remarquable dédoublement de perception, tout en transpirant à grosses gouttes, ils ne cessent de détricoter les mesures prises ces dernières années pour lutter contre réchauffement climatique, la pollution ou la santé des consommateurs.
Moratoire sur les énergies renouvelables (comme si le tout-nucléaire suppléait à tout), loi Duplomb autorisant de nouveau certains pesticides, suppression du principe même des Zones à faibles émission (ZFE) obtenue par le démagogue à la bêtise satisfaite Alexandre Jardin (alors qu’il était possible d’en réformer les modalités), suspension du dispositif Ma prime rénov’ destiné à lutter contre les passoires thermiques : à chaque recul imposé, les médias de la droite dure entonnent des Te Deum, saluant ces coups de pouce funestes au climqt et à la santé des Français par des communiqués de triomphe.
Dans le même temps, le même écosystème réactionnaire mène campagne sur la conservation des héritages culturels ou moraux, sur la transmission des valeurs ou sur les menaces que fait peser la dette publique sur les générations futures. Un souci de l’avenir qui s’arrête curieusement dès qu’il s’agit de la planète. Incohérence totale de la pensée conservatrice, qui veut préserver la tradition mais non la planète, transmettre des finances meilleures mais un environnement totalement dégradé. Cette tartufferie découle d’un biais idéologique : la haine de la gauche, dont l’écologie fait partie à leurs yeux, déforme la vision du réel par les conservateurs, qui veulent transmettre à leurs enfants un héritage intact en tout domaine mais oublient celui de la nature. Ainsi naît la droite canicule, qui veut tout conserver en l’état au nom du « c’était mieux avant », sauf le climat.