La guerre de Troie aura bien lieu
Il y a un point commun entre les guerres qui ensanglantent la planète : la haine de la démocratie. Les démocrates devraient s’en aviser.
Il y a deux façons de voir les guerres qui grondent. On peut considérer que la crise en Ukraine n’est qu’un des innombrables conflits territoriaux qui ont marqué l’Europe centrale au cours des siècles. On a pu penser qu’il était sage de ne pas réagir avec excès après l’agression russe en Géorgie ou en Crimée. On peut soutenir que la guerre à Gaza et au sud Liban n’est qu’un épisode de plus dans le conflit qui agite le Moyen-Orient depuis 1948. On peut ne voir au Soudan, au Yémen en Afghanistan que des conflits sur fond de haine ancestrale entre sunnites et chiites. Prudence : pourquoi faudrait-il se fatiguer à soigner toutes les pathologies de nos contemporains ? Chaque fois qu’il a voulu intervenir loin de ses bases, du Vietnam à l’Irak, en passant par la Libye et l’Afghanistan l’Occident s’est enlisé.
Et si regardions la réalité en face ? Dans tous ces drames, les enjeux territoriaux ne sont qu’une apparence. Ce que revendique la Russie en Ukraine c’est la restauration d’un empire dont toutes les valeurs sont aux antipodes de celles dont nous avons hérité des Lumières. Ce que veulent les agitateurs des foules arabes, c’est non seulement jeter les Juifs à la mer, mais surtout montrer à l’Occident que les mécréants ne doivent pas seulement être chassés du fleuve à la mer : ils doivent être partout châtiés ! Ce que les mollahs revendiquent en Iran, ce que les Talibans veulent en Afghanistan et ailleurs, c’est exporter la charia, où l’obscurantisme prime sur les droits de l’homme et surtout de la femme. Ils haïssent la démocratie.Toutes les civilisations ne sont pas également civilisées.
Certes il est souvent difficile de faire la part de la sagesse et de la lâcheté. Alors écartons pour un moment les considérations morales qui, il est vrai, ne font pas bon ménage avec les relations internationales. Donc ne regardons que notre intérêt, et oublions provisoirement le devoir d’assistance à personne en danger. Sommes-nous certains que notre intérêt est de laisser les maîtres du Kremlin s’approcher de nos frontières en brandissant sans cesse la menace atomique ? Avec le soutien de la Corée du Nord ? Le monde sera-t-il plus sûr quand nous aurons laissé Israël isolé face aux fanatiques du Hamas et du Hezbollah ? Le monde sera-t-il meilleur quand l’Iran disposera de la bombe atomique ? Est-ce notre intérêt est de laisser l’islam radical gangréner l’Afrique, nos banlieues et parfois nos universités, tout en faisant douter les esprits faibles sur la nécessité de défendre à tout prix la laïcité de notre République ?
Pour le moment, les diplomates sont nombreux à nous prier de garder la tête froide, c’est-à-dire avec les autruches, dans le sable. En Europe en particulier, quand la tentation des dirigeants y est grande de faire la sieste sous prétexte de réalisme. En attendant une nouvelle fois un hypothétique réveil de l’arbitre américain, s’il veut bien sortir un jour de son isolationnisme. Les palinodies actuelles de l’Union européenne sur la nécessité d’une défense commune font peine à voir. Comme si nous ne savions pas depuis longtemps que Churchill avait raison contre Chamberlain !
À force de nier les leçons de l’histoire la guerre de Troie aura bien lieu. Et nous risquons la honte de l’avoir vue venir sans l’avoir préparée.