La guerre des banques
UniCredit (76.600 salariés et 23,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires) a lancé le 25 novembre une OPA sur sa consœur, Banco BPM (20.000 salariés et 5,4 milliards de chiffre d’affaires). L’opération de marché prend un tournant européen.

Après son offre d’OPA (ou plus exactement d’OPE, ou Offre Publique d’Échange, de 10 milliards d’euros), repoussée par la Banco BPM, UniCredit doit affronter une banque française. Car voilà, l’actionnaire principal de Banco BPM n’est autre que le Crédit Agricole (154.000 salariés, 33 milliards d’euros de chiffre d’affaires). La deuxième banque française pourrait intervenir comme arbitre de l’opération dont elle serait, soit dit en passant, le principal bénéficiaire. Et tout cela avec la bénédiction des autorités bancaires européennes.
Le 6 décembre, le Crédit Agricole a augmenté de 10 à 15% sa participation dans Banco BPM, programmant de surcroit d’aller jusqu’à 20% dans un futur proche. On comprend facilement que le but de cette stratégie n’est pas de racheter la banque italienne, mais plutôt de profiter d’une série d’opérations fructueuses.
Pour l’opération UniCredit, le Crédit Agricole exige ainsi, en cas de fusion, un nombre plus élevé d’agences bancaires excédentaires (évaluées autour de 1.000) et des alliances commerciales plus confortables dans les secteurs du crédit à la consommation et de « l’épargne gérée ».
Quelles ont été les réactions italiennes ? L’exécutif a répondu de manière hâtive et maladroite, le vice-président du Conseil, Matteo Salvini, proposant de mettre sous enquête la Banque d’Italie « incapable de contrôler un important mouvement bancaire ».
Le Ministre de l’économie, Giancarlo Giorgetti, a quant à lui brandi le « Golden Power », ce droit de veto gouvernemental prévu pour les problèmes de sécurité nationale. Mais, comme l’a exprimé l’économiste Salvatore Bragantini : « L’exécutif italien n’a pas le pouvoir d’intervenir sur une opération de marché. Seule la BCE pourrait le faire ».
Ce qui aurait pu être une banale histoire de tiraillements franco-italiens est devenue un enjeu européen. Le système bancaire péninsulaire, jugé solide depuis Bruxelles, conforte l’Union européenne dans son choix de libre marché et d’un processus généralisé d’unions bancaires.
Finalement, si l’on regarde cette affaire depuis le secteur bancaire, l’Italie apparait indéniablement comme une grande puissance européenne. Pour ce qui est de l’exécutif, c’est autre chose…