La Maison Blanche revient à l’orthodoxie

par Gilles Bridier |  publié le 23/04/2025

Après avoir lancé une bombe au milieu des relations commerciales internationales, Donald Trump semble revenir à une approche moins conflictuelle pour éloigner le spectre d’une récession.

Conférence de presse sur les « Perspectives de l'économie mondiale » au siège du FMI à Washington, le 22 avril 2025. Le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour cette année, invoquant l'impact des nouvelles politiques tarifaires de Donald Trump. (Photo Jim WATSON / AFP)

« Récession »: le mot a été lâché. Il aura suffi que le Fonds monétaire international (FMI) abaisse ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis et que les économistes en chef de deux banques réputées, Citigroup et JP Morgan, évaluent entre 40% et 45% la probabilité d’une récession dès le deuxième semestre 2025, pour que l’équipe en place autour de Donald Trump adoucisse la potion amère de leur politique des « tariffs ». Alertés également par les sondages soulignant qu’une majorité d’Américains rejetait la hausse des droits de douanes et les économies à l’aveugle opérées par les hommes du président, ceux-ci ont fait savoir le 22 avril qu’une période de « désescalade » allait intervenir, indique Le Monde. Ce qui marque un repli de la politique du bras de fer de Donald Trump seulement deux mois après son arrivée à la Maison Blanche. Face aux craintes d’inflation qui se sont manifestées dans le pays, les droits de douane de 145% imposés aux importations chinoises ont même été jugés « très élevés » par le président américain, et devraient refluer.

Tel un canard sans tête, la Maison-Blanche teste dans toutes les directions une stratégie pour son économie. Les relations semblant s’apaiser entre Donald Trump et le président de la FED (la Réserve fédérale américaine), il n’en fallait pas plus pour que les marchés financiers misent sur le retour d’une certaine orthodoxie et retrouvent une certaine vigueur. La Nasdaq, marché des valeurs technologiques, gagnait notamment 4% mercredi en moins d’une séance. Le dollar, qui était presque à parité avec l’euro à l’arrivée du nouveau président, a repris un soupçon de vigueur avec les dernières annonces de la Maison Blanche. Mais la défiance demeure, l’euro valant toujours 1,14 dollar. Le monde est toujours dans le brouillard, mais semble s’éloigner du bord du gouffre.

La chaos généré dans le commerce mondial par les décisions arrogantes et unilatérales de la nouvelle administration américaine a placé tous les opérateurs dans une situation forcément préjudiciable à l’économie des Etats-Unis et à tous leurs partenaires économiques. Aussi, les hypothèques ne sont pas encore levées concernant les droits de douane qui seront finalement appliqués à la Chine, qui s’est dite ouverte à la négociation. Même chose pour l’Europe, toujours dans l’attente de la fin du gel de trois mois des taxes qui devraient frapper ses produits, en plus des 10% déjà appliqués et des droits spécifiques sur les automobiles. L’apaisement est palpable, mais les incertitudes demeurent. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) pronostique toujours une baisse des échanges internationaux, avec un croissance réduite de moitié sur un an suite notamment à la brutale chute des transports de marchandises entre la Chine et les Etats-Unis.

Le prix du baril de pétrole qui évolue sur un plateau environ 20% plus bas qu’au jour de l’investiture de Trump peut apparaître comme un bonne nouvelle pour les pays importateurs, mais il reflète aussi une baisse de l’activité industrielle dans le monde. Ce que traduisent les prévisions du FMI sur la croissance mondiale, qui devrait refluer à 2,5% cette année et 3% l’an prochain. Et l’on reste dans l’expectative des décisions que pourrait prendre l’Opep le mois prochain: alors que le cartel avait prévu d’ouvrir les robinets, il n’est pas certain que les pays producteurs qui contrôlent 35% de la production mondiale persistent dans une direction qui ferait baisser le prix de l’or noir. Aux Etats-Unis où les coûts d’extraction sont beaucoup plus élevés qu’au Moyen-Orient, les pétroliers – tous des inconditionnels de Trump et ses plus fidèles soutiens – sont les plus menacés. Ils ne manqueront pas d’alerter leur ami président pour qu’il trouve des accommodements.

Gilles Bridier