La mini-ouverture d’un mini-président
Sans grand pouvoir ni grande idée, le président a entrouvert une porte. Il revient aux députés – socialistes notamment – de la pousser.
Macron a fait court : c’est un progrès. Il a célébré la réouverture de Notre-Dame et la réussite des Jeux : c’est de bonne guerre. Mais pour le reste, il a confondu « faire court » et « être court ». Autrement dit, pour sortir de l’impasse où il a engagé le pays, il n’a guère donné de pistes.
Il nommera un Premier ministre (c’est la moindre des choses) et il restera à l’Élysée jusqu’au bout (il en a le droit). Mais quid de la question urgente ? À savoir : quelle sera, selon lui, la coalition parlementaire qui soutiendra le prochain chef du gouvernement ? Là-dessus, mystère et boule de gomme, sauf un léger « bougé ». Il parle d’un « arc de gouvernement » plus large. C’est-à-dire d’une assise parlementaire qui dépasserait le « socle commun » qui a échoué à assurer la survie du gouvernement Barnier. En clair : qui comprenne les députés socialistes, ou une partie d’entre eux. Il les reçoit à cet effet ce vendredi. C’est une ouverture, ou plutôt une « entre-ouverture », une fente, un interstice, un rai de lumière, de la part d’un président qui, dans la même allocution, distribue des claques au PS, ce qui est une étrange manière de tendre la main.
Mais enfin… C’est en fait la seule solution pérenne, la seule qui nous préserve d’un désordre croissant qui mènerait à une élection présidentielle anticipée dont profiteraient les extrêmes. Celle, aussi, que nous avons défendue dans LeJournal.info depuis des jours et des jours : un rapprochement de la gauche et du centre, qui remplisse la mission civique de mener le pays hors de cette passe politique dangereuse où on l’a engagé.
Ce rapprochement est soumis à conditions. Si les socialistes n’y voient qu’un moyen de les compromettre sans rien obtenir de tangible qu’ils puissent défendre devant leurs électeurs, l’affaire échouera immanquablement. Si, en revanche, un François Bayrou – puisqu’on parle de lui pour Matignon – propose de réelles inflexions dans le budget et de réelles concessions sur les questions sociales, les socialistes y regarderont à deux fois. Pas forcément pour participer à un gouvernement ou signer un pacte quelconque avec la droite et le centre, mais simplement pour garantir en retour qu’ils ne voteront pas de motion de censure. Dès lors, le compromis devient jouable, pour six mois en tout cas, renouvelables si les points de vue se rapprochent.
Rappelons que l’autre option – la reconduction de l’alliance du centre et de la droite, vient d’échouer et laissera inchangée la situation parlementaire. C’est-à-dire sous la férule de LFI et du RN.