La mission de Macron
Après l’ignoble humiliation par Donald Trump de Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale à Washington, il revient au président français d’assurer le soutien des Européens à l’Ukraine et de susciter la riposte aux provocations trumpiennes.

On l’a vu resurgir mine de rien, à bas bruit, actif sur la scène internationale. Avec Donald Trump, il a le bénéfice de l’antériorité. Ils se connaissent depuis 2017 et s’ils ne s’apprécient guère, ils ont créé un lien. La preuve, après avoir annulé son rendez-vous prévu dans son bureau avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump l’a rétabli… à la demande expresse d’Emmanuel Macron.
Quand Macron se rend à Washington quelques jours avant l’ignoble clash entre les présidents américain et ukrainien, on veut encore croire que le président français peut peser en faveur de la cause ukrainienne. L’objectif est alors de trouver un honorable accord de cessez-le-feu où les troupes militaires européennes assureraient la sécurité de l’Ukraine face à la Russie, tout en espérant être soutenues par l’allié américain.
L’humiliation infligée à Volodymyr Zelensky devant les médias du monde entier sidérés par les insultes proférées dans son bureau ovale de la Maison Blanche par un Trump dominateur et grossier, a douché tous les espoirs. Les efforts d’Emmanuel Macron ont été vains : leur rencontre n’a en rien ébranlé la détermination du Président américain de dézinguer Zelensky. Ponctuée avec une certaine naïveté d’accolades et de sourires, cette tentative ratée nous rappelle le vain dialogue qu’il avait entamé avec Vladimir Poutine lors du déclenchement de la guerre en Ukraine.
Difficile d’en vouloir à Emmanuel Macron. Même s’il a échoué, il a tenté. Ce que lui reconnaissent les Français. Selon un sondage Odoxa-Backbone, seuls 25 % d’entre eux considèrent Emmanuel Macron comme un bon président, mais ils sont 49 % à le créditer d’une bonne représentation de la France à l’étranger. Parmi ceux-ci, 95 % de son camp Renaissance applaudissent mais aussi 65 % des socialistes et autant d’écologistes. Plus globalement, les deux-tiers des Français se disent opposés à un accord direct entre Trump et Poutine qui exclurait les Européens sur l’Ukraine et ils sont tout aussi nombreux à acquiescer à la tentative même ratée d’Emmanuel Macron auprès de Trump à Washington.
Discrédité en France depuis la dissolution, Emmanuel Macron retrouve donc un peu de lustre sur la scène internationale. « Il a eu raison », scande même Raphaël Glucksmann, fervent défenseur de l’Ukraine. Avant de le défier : « ce n’est plus le temps des sourires mais celui de l’action ». Fort de son crédit international, voilà Macron contraint de transformer ses paroles en décisions. Pêle-mêle : se préparer à envoyer des troupes françaises et à les coordonner avec celles des autres pays européens pour faire respecter les frontières de l’Ukraine après le cessez le feu ; assurer aux Allemands qui nous le réclament un parapluie nucléaire pour pallier à la défection de l’allié américain ; obtenir de sortir le budget de La Défense des critères de déficit européen pour le propulser à 2,5 % du PIB ; et lancer enfin dans la foulée cette Europe de la défense qu’il évoque depuis si longtemps sans avoir jusqu’ici réussi à la bâtir …Enfin, imposer au plus vite les mesures qu’il promet en riposte aux 25 % de droits de douane que Donald Trump veut imposer à l’Europe.
Emmanuel Macron sera à la manœuvre dimanche 2 mars, au sommet de Londres qui réunira ses homologues allemand, polonais, italien, turc, danois et la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen, le président du Conseil, Antonio Costa et le secrétaire général de l’ONU, Mark Rutte avant que les Vingt-sept ne se retrouvent jeudi 6 mars à Bruxelles. Deux occasions pour lui de pousser son avantage après son déplacement réussi au Portugal où le Premier ministre Montenegro l’a accueilli comme le leader des européens. « La réponse n’est pas dans une soumission ; je ne suis pas dans la vassalisation heureuse », a scandé Emmanuel Macron avant de lancer : « Une Europe puissance, nous en avons plus que jamais besoin (…) Le sursaut c’est maintenant ». En effet…