La République des rigolos
Le spectacle de notre classe politique en cette fin d’année fut simplement lamentable.
Alors que les armes grondent à nos frontières, alors que notre société est plus fracturée que jamais… nos élus se perdent avec une légèreté confondante en querelles misérables ! Après une dissolution imbécile, un jeu de massacre qui a cramé plusieurs premiers ministres en quelques jours, les partis continuent à jouer aux quatre coins de l’hémicycle dans un climat d’embrouilles incompréhensible pour la grande majorité des Français.
La démocratie représentative repose sur la confiance. Sans elle le jeu politique n’est que mascarade, théâtre d’ombre. De ce point de vue nous sommes au plus bas. Les Français ne se retrouvent plus dans leur classe politique . Tout démontre l’effondrement de la confiance : abstention aux élections, révolte fiscale, poussée des extrêmes, égoïsme généralisé… Face à cette anomie de la scène politique nos concitoyens assistent, impuissants, au tourbillon dérisoire des petites ambitions et des grandes trahisons.
Certes ce n’est pas nouveau. Du côté des petites ambitions on se souviendra (ce n’est qu’un exemple) que notre actuel Premier ministre a intrigué depuis un demi-siècle pour parvenir a Matignon sans que l’on comprenne jamais clairement pourquoi y faire, sinon une vague tambouille centriste. Grandes trahisons : Pompidou a lâché le Général de Gaulle, VGE a trahi les gaullistes, Jacques Chirac a trahi VGE et Emmanuel Macron a trahi François Hollande … Non ce n’était pas bien mieux hier. De tout temps le poisson a pourri par la tête.
La France des Trente Glorieuses pouvait se permettre de tels écarts.
Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas tant la situation est devenue dangereuse. Le pays est à l’arrêt, endetté comme jamais, l’Europe est sans moteur, livrée à sa bureaucratie, la Russie a lancé ses chars à l’Ouest tandis qu’un Président américain lunatique s’apprête à livrer une guerre commerciale sans merci au reste du monde. Et que la Chine, en douce, regarde avec convoitise du côté de Taïwan après avoir avalé Hong Kong sans que personne n’ait le courage de s’y opposer.
Chez nous, n’en doutons plus : de lignes rouges en lignes rouges, de motions de censure en motions de censure, le désenchantement général va probablement installer au pouvoir une extrême-droite qui n’est respectable qu’en apparence. Avec, face à elle, une extrême gauche flirtant avec le pire et notamment l’antisémitisme. On a les sauveurs que l’on mérite.
La France a pris le même chemin que beaucoup d’autres démocraties en danger, c’est-à-dire illibérales. Pour aujourd’hui, la révolte des élites a succédé à la révolte des masses ; demain nous vivrons l’inverse. On aurait tort de penser que les bonnets rouges et autres gilets jaunes ont été définitivement rangés au vestiaire. Le désarroi qui les a jeté naguère sur les ronds-points et ailleurs est toujours là, mais à la puissance dix. La question se pose : le foutoir est-il chez nous indissociable de la démocratie ?
Qui enrayera ce cercle vicieux mortifère ? Qui saura proposer sereinement au pays une ambition collective apte à mobiliser ses énergies et ses talents ? Sûrement pas ceux qui font minent de nous représenter aujourd’hui ! Si j’avais le courage d’en rire je rappellerais ce que disait Coluche : « je signale aux hommes politiques qui me traitent de rigolo que ce n’est pas moi qui ai commencé ! »