Le grand soir de Rima Hassan

par Laurent Joffrin |  publié le 26/12/2024

Les déclarations de la députée européenne révèlent au grand jour l’intention de LFI : porter la crise politique à son paroxysme, puis faire donner la rue contre le président.

Portrait de l'eurodéputée Rima Hassan (LFI) portant un keffieh (symbole palestinien) lors d'une manifestation pour dénoncer le coup de force du président Macron, et contre la nomination d'un Premier ministre de droite à Paris, le 7 sept. 2024. (Photo Amaury Cornu / Hans Lucas AFP)

Rima Hassan, députée LFI toute en nuance, en honnêteté intellectuelle et en considération pour ses adversaires politiques, comme il sied en démocratie, continue son bienfaisant apostolat, en conformité avec l’esprit de Noël. C’est ainsi qu’à l’interpellation d’un auditeur de France-Inter adressée à Manuel Valls, nouveau ministre des Outremers – « vous devriez avoir honte. Vous êtes le pire des traîtres (…) vous êtes pire qu’un étron » – elle répond : « chaleureux remerciements ».

De la même manière, soucieuse de paix civile, elle réagit à la nomination de trois ministres qu’elle déteste dans le gouvernement Bayrou par ce tweet : « J’y vois un appel à la révolution » résumant son projet par un hashtag évocateur : «prise de l’Élysée». Un peu plus tôt, sur un autre sujet, elle avait déjà appelé «les Franco-Palestiniens» à rejoindre «la résistance palestinienne armée». Autrement dit, incité des Français à rejoindre les rangs du Hamas ou du Hezbollah, deux organisations classées terroristes.

Dérapage habituel d’une militante exaltée que Jean-Luc Mélenchon a propulsée en toute connaissance de cause au Parlement européen ? Pas du tout. Non seulement LFI n’a pas désavoué ces propos extravagants, mais Antoine Léaument, autre responsable insoumis, député de l’Essonne, l’a fortement encouragée. «Elle a raison !», a-t-il clamé sur CNews, «elle dit avec humour que ce nouveau gouvernement est une provocation contre le peuple français. Il y a six ans, le mouvement des gilets jaunes a surpris Macron. Un nouveau mouvement social anti-Macron peut émerger de nouveau».

Quand on se souvient des violences verbales et physiques qui ont émaillé ce mouvement, on saisit mieux le plan élaboré par LFI pour les mois qui viennent : aggraver la crise en tâchant de faire censurer le gouvernement à l’aide du RN, puis se lancer dans un « mouvement social » – en fait, des actions de rue à connotation émeutière, comme le disent clairement Hassan et Léaument – pour chasser le président de la République dans une atmosphère de pré-guerre civile.

La conclusion est transparente : sachant qu’il joue sa dernière carte après avoir été battu trois fois au premier tour d’une présidentielle, Jean-Luc Mélenchon prépare son « grand soir » sans lésiner sur les moyens, habituant l’opinion à un discours de haine et voyant dans l’organisation du désordre national sa seule chance d’arriver au pouvoir. Tel est le sens des outrances insoumises, qui procèdent non d’un tempérament excessif mal maîtrisé, mais d’une tactique factieuse minutieusement préparée.

Laurent Joffrin