Le naufrage moral de BDS à Montpellier
À Montpellier, une fraction du mouvement de soutien à la cause palestinienne, franchit à nouveau la limite : de celle qui relève du combat politique, à celle qui tient de l’infamie.

Le maire de la septième ville de France, Montpellier, n’a jamais varié sur le conflit au Proche-Orient. Michaël Delafosse a toujours défendu un dialogue nourri et respectueux, afin d’aboutir à une solution à deux Etats. Le droit à la sécurité d’Israël, le droit à la reconnaissance des palestiniens et conséquemment l’établissement d’un État ont toujours été indissociables. Rien de très neuf à vrai dire, mais une constante : le refus intangible d’exporter le conflit et d’essentialiser les individus en fonctions d’appartenances, communautaires ou religieuses, réelles ou fantasmées.
C’est ainsi que l’édile montpelliérain s’est toujours refusé à pénaliser les liens entre Montpellier et les villes israéliennes, convaincu que le creuset des rencontres et des échanges culturels, a toujours été la meilleure résistance contre la logique du conflit, de la haine ancestrale et du droit supérieur à nier autrui.
Pourtant, ce samedi, une énième provocation franchit le Rubicon de la haine et de la bêtise réunies. BDS, pour Boycott Désinvestissement Sanctions, affiche fièrement une banderole « Israël = Génocide, Delafosse complice » comprenant une calligraphie explicitement référencée des SS nazis.
Indépendamment de la réponse judiciaire qui qualifiera les faits, il convient de ne pas retrancher l’épisode insultant et diffamant à la rubrique des faits divers, mais des crimes, symboliques et moraux qui éteignent une cause dévoyée et hystérisent le débat démocratique à des fins bassement politiciennes.
Cette association, à l’influence certaine dans les quartiers populaires structurés par la foi coranique davantage que la connaissance fine de la solidarité à l’égard des palestiniens, est née le 9 juillet 2005, sous la direction de Omar Barghouti, universitaire qatarien. Dénonçant la politique de colonisation israélienne des territoires occupés et le droit au retour des réfugiés palestiniens, elle justifie notamment le boycott pour accroître la pression économique sur Tel Aviv.
Rapidement accusée de dérives, l’association s’illustre régulièrement par des provocations à l’encontre de tous ceux qui refusent les logiques d’affrontement et l’encouragement aux intifada sous commandement islamiste, niant dans les actes, comme dans les écrits, le droit d’Israël à exister.
Devenue le carrefour de la dérive communautariste issue de quartiers sensibles et d’une ultra gauche devenue antisémite, elle bénéficie du soutien régulier de députés de la France Insoumise, accompagnant les manifestations montpelliéraines de pancartes révisionnistes ou de slogans négationnistes comme celui tristement célèbre de la Palestine, de « la Mer au Jourdain ».
Opportunément bruyante grâce à l’affaiblissement du camp de la paix en Israël et à la main mise de Netanyahou et de ses alliés fascistes sur la seule démocratie encore debout de la région, elle occupe le vide laissé par le mouvement de solidarité laïque et progressiste qui s’acheva avec la fin du siècle dernier, l’affaiblissement de l’OLP et de la gauche israélienne. C’est ce que paie le maire de Montpellier, à nouveau diffamé par cette nébuleuse aux contours flous, au contact de laquelle l’accusation d’ « islamophobie » n’est jamais loin contre celui qui a toujours défendu la laïcité sans adjectif supplémentaire.
L’affaire n’est pas secondaire, elle témoigne de la perte de repères historiques et du brouillage moral volontaire d’opposants politiques prêts à jouer avec l’innommable, banalisant le mal absolu du XXe siècle.
Sur le dos de crimes de guerre étayés et d’une impasse politique dont les populations palestiniennes paient le prix fort, BDS et ses soutiens mélangent tout, en conscience, se transformant en petites milices du révisionnisme historique, sans aucune possibilité de bouger le curseur d’une cause qu’ils ont avili.