Le plaidoyer ridicule de Marine Le Pen
En difficulté dans l’affaire des assistants parlementaires RN à Bruxelles, Marine Le Pen se défend de manière absurde. Ce qui devrait aboutir à une condamnation.
On connaît cette vieille blague dont Freud a fait l’exemple des incohérences de l’inconscient : Jean a prêté à Pierre un chaudron de cuivre ; quand Pierre le rend, il est percé. Pierre se défend ainsi : « premièrement, je n’ai pas emprunté de chaudron ; deuxièmement il était percé ; troisièmement je l’ai rendu intact. » Tel est le schéma de défense adopté par la patronne du RN accusée de détournement de fonds européens, qui noie le tribunal sous une rhétorique aussi profuse qu’incohérente.
On sait que la justice reproche à Marine Le Pen d’avoir utilisé pour le compte de son parti à Paris des assistants parlementaires destinés à seconder le travail de ses députés à Bruxelles, ce qui est explicitement interdit par les règlements européens. Voici la défense présentée d’un ton péremptoire par la présidente du RN :
- 1) Ces accusations ont été portées par Martin Schulz, socialiste, qui est un adversaire politique acharné du Rassemblement national. Elles n’ont donc aucune pertinence.
- 2) Les assistants parlementaires RN ont travaillé pour l’essentiel au service de leur député à Bruxelles et non pour le parti. Si certains éléments tendent à prouver le contraire, ils sont partiels ou mal interprétés.
- 3) Si les assistants parlementaires RN ont passé leur temps Paris, c’est parce que leur travail est avant tout politique et qu’il est donc tout à fait légitime qu’ils travaillent principalement pour le parti.
Point de détail de l’histoire : comme dans l’exemple de Freud, les trois arguments se contredisent entre eux. Si l’affaire n’existe pas – argument numéro 1 – pourquoi le RN se fatigue-t-il à pinailler sur des histoires de badges et de billets de train ? Si ces assistants ont effectivement travaillé à Bruxelles pour leur député – argument numéro 2 – pourquoi se fatiguer à démontrer qu’ils ont toute légitimité à travailler à Paris pour le parti – argument numéro 3 ?
La conclusion de ce petit détour logique est simple : Marine Le Pen se moque du monde. Elle soutient qu’elle n’a commis aucune irrégularité, alors même que le Modem a été condamné en bonne et due forme pour des agissements bien moins graves. Ces irrégularités, pour quiconque se penche sur le dossier, sont une évidence et, contrairement, à ce que dit le RN, les règles bruxelloises sont sans ambiguïté sur la question. Ce que les juges devraient constater en fin de procès.
Rappelons que ces délits sont punis de cinq ans d’emprisonnement, d’amendes plus ou moins salées et, le cas échéant, d’inéligibilité. On comprend que Marine Le Pen, à la manière d’un Donald Trump, s’arc-boute sur des vérités alternatives farfelues qui, en l’occurrence, ne trompent personne.