Le PS a choisi la liberté
En refusant de se soumettre aux oukases de LFI, les socialistes ouvrent la voie à la reconstruction de la gauche.

Le courage a donc prévalu. À une majorité sans appel, le PS a décidé d’ignorer les menaces mélenchonistes. En choisissant de ne pas voter la motion de censure déposée par la France insoumise, il a refusé d’ouvrir une nouvelle crise politique désastreuse pour le pays. Enfin !
Le geste va bien au-delà des considérations tactiques. La gauche réformiste se résout à penser par elle-même, à opter librement pour l’attitude qui lui paraît la plus efficace pour la gauche et pour la nation. Il était irresponsable, quoi qu’on pense du gouvernement Bayrou, de le renverser à un moment où le pays est menacé d’une grave crise financière et économique alimentée par l’incertitude politique dans laquelle Emmanuel Macron avait cru trouver une planche de salut pour son quinquennat en perdition. Il était logique, plutôt que de rejeter un budget qui aurait été remplacé par un autre budget encore moins favorable aux couches populaires, de négocier des amendements qui amortissent le choc et rendent moins dure la vie des Français.
Avec sa subtilité habituelle, la France insoumise voue aux gémonies ceux qui ont le front de ne pas lui obéir au doigt et à l’œil. Ces Savonarole, qui n’ont jamais dirigé quoi que ce soit et occupent le seul ministère de la parole depuis leur fondation, parlent d’un « soutien sans participation ». Mensonge : le soutien en question consiste à voter les lois proposées par un gouvernement sans être présent au gouvernement. Or les socialistes ont voté contre le budget qu’on leur proposait et se situent sans ambages dans l’opposition. Ils ont seulement arraché, à la manière d’un syndicat qui se bat contre le patron, des concessions appréciables qui servent les intérêts des travailleurs.
Jean-Luc Mélenchon, tel Jupiter sur l’Olympe de la radicalité, tire la leçon politique de l’affaire : « Le NFP est réduit d’un parti. Il va nous falloir vérifier qui y demeure et comment fonctionner». Autre mensonge : le NFP, en fait, n’a plus d’existence réelle. Il est réduit non pas « d’un parti » mais de son essence même. C’est une coalition en voie de disparition dans laquelle LFI tente désespérément de retenir le PC et les Verts, qui en ont soupé du caporalisme. Sans les socialistes, il ne vaut plus tripette. Il est vrai qu’il pourra assouvir l’égotisme de son ex-mentor, qui pourra de nouveau user de son aphorisme préféré : « le NFP, c’est moi ! ». Oui, absolument : « moi et moi seul ! ».
Car la menace ultime de LFI – présenter des candidats insoumis contre toute force alliée qui aurait la velléité de montrer un quelconque amour-propre – vient de faire long feu. À Villeneuve Saint-Georges, commune où les Insoumis se faisaient fort de conquérir la mairie, leur comportement sectaire, doublé de leur complaisance envers l’islamisme, a dissuadé le PS, le PCF et les Verts de faire liste commune avec eux. Résultat : les Insoumis qui croyaient l’emporter seuls haut la main, ont été aplatis comme crêpe sous le rouleau à pâtisserie des réalités électorales. Ils doivent se rendre à l’évidence : au sein de toute coalition de gauche, ils sont désormais le boulet qu’il faut traîner, ou dont il faut se séparer pour avoir une chance de gagner.
Commence donc, pour la gauche, la vie sans Mélenchon. Le bracelet électronique LFI est tombé de lui-même. À nous la liberté ! Reste à en faire bon usage : réinventer l’Union de la Gauche, se doter d’un projet crédible et trouver un candidat. Tout le reste est mauvaise littérature radicale.