Léon XIV : au moins, il n’est pas réac…

par Laurent Joffrin |  publié le 08/05/2025

Soucieux d’unité et d’apaisement, plus diplomate que son prédécesseur, le nouveau pape plaira sans doute à ses ouailles. Continuateur de la politique de François, il déplaira, à coup sûr, à la droite de l’Église…

Laurent Joffrin

L’offensive a échoué. Identitaires avant d’être catholiques, nostalgiques des papes réactionnaires à la Pie X, les nationalistes de plusieurs pays espéraient qu’après le pontife des migrants et des pauvres, l’Église se dote enfin d’un chef conforme à leurs vœux. En France, dans une entreprise un peu ridicule, le très intégriste groupe Bolloré s’était même mis en tête de favoriser l’élection d’un dénommé Robert Sarah, évêque africain situé à l’extrême-droite de Dieu, à qui il avait consacré la couverture de Paris-Match et d’innombrables apparitions à CNews ou Europe 1.

C’est raté. Nouveau pape, Robert Francis Prévost, évêque américain d’ascendance mélangée – et en partie française – avait été distingué par François. Il se réclame ostensiblement du catholicisme social et de l’esprit instauré par son prédécesseur. Il est né à Chicago mais a surtout officié au Pérou avant d’être appelé au dicastère par son mentor, ce qui l’a mis en contact avec les évêques du monde entier. Il a pris le nom de Léon XIV, choix éloquent qui le rapproche de Léon XIII, le pape du catholicisme social et du ralliement à la République.

Citons une seule phrase de ce pape de la fin du 19ème siècle soucieux de ne pas couper l’Église des forces progressistes de son temps : « la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce est devenue le partage d’un petit nombre d’hommes opulents et de ploutocrates qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires ». Voilà qui n’est pas très conforme à la philosophie du milliardaire de la Maison-Blanche, ni à celle qu’on dispense tous les jours sur CNews.

Ce qui n’augure rien de ses idées sur les questions de morale sexuelle ou de promotion des femmes dans l’Église, sur lesquelles son prédécesseur n’avait guère innové. Mais au moins Léon XIV, on peut le supposer, ne ralliera pas le conservatisme autoritaire qu’on voit monter en puissance de toutes parts.

Laurent Joffrin