Léon : la vie de château
Pour la première fois depuis douze ans, le pape Léon XIV vient de réhabiliter le rite des “vacances pontificales” au château de Castel Gandolfo, à 20 km au sud de Rome. Farniente, vraiment ?
Composée de trois villas, la splendide demeure a été construite au XVIème siècle et inaugurée en 1626 par le pape Urbain VIII, un pontife connu pour des raisons antithétiques : son excellente réforme du bréviaire et sa désastreuse gestion de l’affaire Galilée.
Le retour du pape à Castel Gandolfo, le 6 juillet, s’est déroulé en bonne et due forme. La foule impatiente et émue avait installé une banderole multicolore “Bienvenue Pape Léon”, flottant à côté des drapeaux des États-Unis, de l’Europe et du Vatican.
À quoi ressembleront ces vacances papales ? Logé à la Villa Barberini, partiellement réaménagée (caméras de surveillance, barrières de protection, mais aussi tout nouveau court de tennis), Léon XIV devrait y séjourner dans une ambiance plutôt détendue : marche, sport, lecture et rencontres amicales.
Mais jusqu’ici, il n’en est rien. Tout de blanc vêtu, Léon a préféré exercer son métier habituel, fait de visites officielles (avec Zelensky par exemple), de bénédictions, d’ Angélus, de messes, de rencontres avec la population, le tout en gérant sa monumentale correspondance – une centaine de kilos de lettres venues chaque jour des quatre coins de la planète. Peut-être même s’offrira-t-il le luxe d’un premier bilan de sa gestion…
Aidé par le noyau dur des vaticanistes, unanimes quant à l’appréciation de sa politique étrangère jugée “décidément pacifiste” (aussi bien pour la guerre en Ukraine qu’à Gaza), ainsi que dans ses dissemblances avec son prédécesseur – “Léon XIV n’a absolument rien à voir avec le pape François” – , le pape pourrait réfléchir à la teneur du rôle qu’on lui attribue. Quels rapports doit-il entretenir avec la classe politique, mais aussi avec les croyants ou encore les financiers du Vatican ?
Certains voient en Léon XIV un restaurateur traditionaliste sans nuances, destiné à incarner une fois de plus le rôle type du leader mondial des catholiques, un point c’est tout. D’autres, plus raffinés ou mieux informés, comme le célèbre vaticaniste de La Repubblica, Jacopo Scaramuzzi, avancent une approche plus originale. « Léon XIV ne sera pas un « anti François », nous dit-il, les deux Papes ont la mème idée de l’Église et de ses valeurs de fond. Ils sont du même avis sur le rôle des femmes, sur les homosexuels, sur l’importance des églises locales. N’oublions pas que c’est François qui a fait Léon évêque, archevêque, cardinal, et qu’au sein de la Curie tous sont conscients qu’il est son successeur désigné ».
Un temps de réflexion, puis Scaramuzzi avance son dernier pion : « Léon XIV est destiné à illustrer et stabiliser l’immense saut qualitatif introduit dans l’univers catholique par son prédécesseur ». La réponse après les vacances ?



