LFI aboie, la gauche passe
Jean-Luc Mélenchon accuse le PS de « trahir » et menace de présenter partout des candidats contre eux. Les socialistes ne doivent en tenir aucun compte…

Furieux de voir la gauche discuter avec les autres forces politiques de l’arc républicain, Jean-Luc Mélenchon menace de « continuer le NFP sans les socialistes ». A vrai dire, l’idée est excellente. Dans un Parlement sans majorité, comment gouverner le pays sans compromis ? C’est la question élémentaire à laquelle LFI n’apporte aucune réponse, sinon le refus de tout débat sérieux, de tout accommodement, de toute concession. Pour lui, le NFP n’a d’autre objet désormais que de bloquer les institutions, pousser Macron à la démission et permettre à Mélenchon de concourir pour la quatrième fois à l’élection présidentielle, avant que ses partenaires de la gauche aient le temps de s’organiser. Il vaut mieux, donc, qu’il suive sa voie tout seul. Bonne chance !
Pour contraindre le reste de la gauche à l’intransigeance, LFI recourt à la sempiternelle accusation de « trahison ». Faut-il une nouvelle fois se laisser impressionner ? Depuis que la gauche existe, sa faction radicale a toujours considéré qu’il valait mieux un programme parfait (à ses yeux) qu’on n’applique pas, plutôt qu’un programme imparfait qu’on applique, quand bien même celui-ci améliorerait la vie des gens. Et ceux qui tiennent compte des réalités politiques pour gouverner sont aussitôt qualifiés de « traîtres ». Ce qui nous ramène à la principale différence qui sépare les deux gauches : en France, les réformistes font des réformes et les révolutionnaires ne font jamais la révolution.
Ainsi les socialistes qui ont, cette fois, décidé par eux-mêmes de leur tactique, doivent suivre leur chemin sans s’inquiéter outre mesure des philippiques insoumises. Il doit être possible, sinon de trouver un contrat de gouvernement avec le centre, du moins d’obtenir des concessions favorables aux classes populaires en échange d’un accord de « non-censure ». On peut négocier sur la réforme des retraites pour la rendre plus juste, tout en veillant à l’équilibre financier, on peut lancer une vaste conférence salariale pour les petites rémunérations, on peut discuter de la proportionnelle, on peut faire pression en faveur d’une politique climatique et sociale à la fois, etc. On peut, en un mot, pousser des réformes partielles et utiles plutôt que de rester au balcon en édictant des excommunications. Dès lors la gauche responsable démontrera son utilité aux yeux de l’opinion. Voici désormais doit être la devise des réformistes : LFI aboie, la gauche passe.