LFI : coke en stock
La mésaventure de l’Insoumis Kerbrat, pincé en plein achat de poudre illicite, va bien au-delà de l’errement individuel. Elle met en cause la responsabilité globale des consommateurs de produits stupéfiants.
Le député LFI Andy Kerbrat a été pris en flagrant délit d’achat d’une substance illicite – le 3-MMC, un succédané de la cocaïne – et fait maintenant l’objet d’une « ordonnance pénale » édictée par la justice. Dans un tweet christique, sœur Sandrine Rousseau, clarisse de l’ordre écologiste, se porte à son secours dans un admirable élan charitable : « Soutien cher Andy, la consommation de drogue et l’addiction sont un enjeu de soin, de santé psychique et d’accompagnement. Tu as reconnu, tu es dans un parcours de soin. Reviens-nous en forme. » Voilà qui est digne de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus.
Devant cette nouvelle tribulation insoumise, à l’instar de sœur Sandrine, on ne demandera pas la mort du pécheur. Certes, les députés font la loi et si certains d’entre eux la violent, ils devraient en tirer les conséquences. Mais enfin… Le jeune adepte des paradis artificiels a plaidé l’addiction irrépressible, promis de faire amende honorable, assuré qu’il s’était engagé dans un protocole de soins, etc. Laissons-le avec sa conscience, même si cette indulgence présente un défaut mineur : entre un toxicomane accro du « chemsex », un analphabète et fier de l’être, un violeur patenté, un ou deux antisémites officiels, un gifleur de femmes, une propagandiste du Hamas et quelques autres personnages du même tonneau, la cohorte des élus LFI fait moins songer à une équipe de gouvernement qu’à la cour des miracles.
Mais l’essentiel n’est pas là. La contrition du député et la réaction de sœur Sandrine, passent à côté de l’essentiel. Point de prêche moralisant dans cette affaire : que ce Kerbrat veuille ou non ruiner sa santé, c’est son affaire. Ce qu’on oublie de mentionner, c’est sa contribution financière à l’un des principaux fléaux qui menacent la société française. Comme il l’a dit lui-même dans des interventions publiques préalables et paradoxales, la lutte contre les réseaux de trafiquants de drogue est l’un des enjeux majeurs des années qui viennent. Précisons : cela concerne l’État, la police et la justice, mais aussi, et peut-être surtout, les consommateurs.
À juste titre, on se soucie de la « traçabilité » des produits de consommation. C’est même l’un des thèmes principaux de l’éthique écologiste. Tel tee-shirt a-t-il été fabriqué par des enfants dans un lointain pays d’Asie ? Tel meuble a-t-il participé de la déforestation d’un pays tropical ? Tel jouet a-t-il occasionné des émissions carboniques condamnables ? Toutes questions justes et utiles à la préservation de la planète.
Mais que trouve-t-on quand on s’inquiète de la « traçabilité » des produits stupéfiants ? La réponse est toute simple : une chaîne de distribution fondée sur l’exploitation brutale des paysans pauvres, sommés de produire à bas coût, et, pour le reste, sur l’assassinat, la corruption, le chantage et la torture. Ainsi ceux qui se procurent subrepticement leur ligne de coke ou leur stupéfiant aphrodisiaque pour des raisons sympathiquement « festives », éprouvant le délicieux frisson des pratiques interdites, se passant les adresses utiles avec un sourire entendu, forment la base financière d’un vaste système criminel, dont la puissance et la violence finissent par saper l’équilibre des sociétés et menacer les États démocratiques. Tel est le vrai crime – pieusement passé sous silence – du député Kerbrat.