Montpellier : LFI contre la gauche
Aux prochaines municipales, la députée insoumise Nathalie Oziol affrontera le populaire maire socialiste Michaël Delafosse. Au risque de faire perdre la gauche.

Les élections du Clapas, surnom occitan de la ville, sont fréquemment rocambolesques. Aux municipales de 2020, un attelage aussi incohérent qu’inattendu présentait au second tour, la France Insoumise de cheville avec le milliardaire patron du club de rugby, Mohed Altrad et un plaisantin local soucieux de la défense des animaux en la personne de Rémi Gaillard. Et les écologistes locaux n’échappaient pas à leur désunion habituelle, alors que les sondages d’avant campagne les plaçaient encore en tête.
Rien n’indique que la situation diffère en 2026. Après un mandat marqué par l’inaction et la suffisance, Philippe Saurel, ancien socialiste, présenté comme divers gauche, s’écroulait face à un jeune quadra réputé bosseur et amoureux de sa ville, Michaël Delafosse. Élu expérimenté mais sans appui majeur, à la force d’un programme et de convictions, il l’emportait, contre toute attente, dans une triangulaire inédite.
La gauche et Montpellier, c’est une histoire d’amour jamais démentie depuis cette journée du 04 avril 1977 où un jeune professeur bardé de diplômes, d’idées et de détermination, emportait la commune. Pas encore stature du commandeur, Georges Frêche allait transformer cette élégante endormie provinciale en métropole de tous les superlatifs, jusqu’à jalouser la concurrence languedocienne et méridionale.
Ville universitaire, surreprésentée dans la fonction publique, accueillant désormais les startups de la tech soucieuses d’horizontalités et d’un management novateur, la droite sait ses chances limitée, même en parvenant à incarner son offre avec talent. C’est probablement ce qui guide Nathalie Oziol – locale insoumise de l’étape, reconnue pour ses outrances mélenchonesques à répétition – à se lancer dans la course. À moins qu’il s’agisse d’une haine rance et irrationnelle contre une gauche socialiste dont les résultats sont palpables.
L’actuelle majorité a conduit une politique métropolitaine de transports gratuits, inédite à cette échelle. Accentuant son offre de transport et de cadencement, elle a concilié porte-monnaie et transition environnementale, parallèlement au développement de couloirs de vélo sécurisés. Elle a végétalisé ses places et ses écoles pour parer au défi climatique, tandis que l’usage des transports en commun bondissait de 30% à l’issue de la première année. Développant son avantageuse mutuelle communale à destination de ses habitants, elle a œuvré à la résorption des bidonvilles, mis en place l’encadrement des loyers dans de nombreux quartiers, réinvesti le quartier populaire de la Paillade, à l’écart de son cœur de ville – destruction de tours devenues ghettos, réhabilitation des grands équipements sportifs, investissement de 500 millions d’euros aux côtés de l’ANRU, Action logement… Sans oublier la mise en place d’un bouclier social destiné aux parents isolés avec un enfant de moins de 3 ans.
En matière de sécurité, M. Delafosse et son équipe ont renforcé les effectifs de sécurité publique, inventé une police métropolitaine des transports, installé un programme de mise en sécurité contre le harcèlement de rue en collaboration avec les commerçants. Le combat républicain est connu, sanctionné par le prix de la laïcité décerné au premier édile en 2023. Tout juste peut-on mentionner la décision de se déclarer automatiquement partie civile en cas d’agression contre les agents publics, l’inauguration d’une école Samuel Paty, la transformation des panneaux au fronton des écoles pour y ajouter l’adjectif « laïque ».
Non, à Montpellier la gauche a bien fait le travail et plus encore. Le directeur général de l’Ifop, Frédéric Dabi, le confirme à nos confrères du Midi Libre, lorsqu’il évoque un sondage « élogieux quand on compare à d’autres villes. » mesurant les réalisations et la notoriété du maire actuel : « Des indicateurs tous au vert (…) et une vraie crédibilité ».
Alors que cherche la candidate de la FI, une fois débarrassée de ses opposants internes ? Anticipant la fureur de leur mentor sur le vote de non censure, mais sur commande, les futurs candidats de la France Insoumise se contrefichent du bilan et des promesses tenues par la gauche à la tête des exécutifs locaux. L’obsession est ailleurs : faire trébucher les socialistes, notamment ceux qui ne se soumettent pas aux Insoumis. À Montpellier comme ailleurs.