LFI est à la gauche ce que le FN était à la droite 

par Boris Enet |  publié le 20/01/2025

La vie politique ne connait pas de repos. Les certitudes de la France Insoumise, présentées comme inamovibles, après la dernière présidentielle ou au lendemain de la dissolution, paraissent s’émousser de jour en jour.

Jean Luc Mélenchon lors d'un rassemblement pour fêter la libération et le retour en France de Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, à Paris, le 21 décembre 2024. (Photo Bastien Ohier / Hans Lucas via AFP)

Il y a d’abord ce qui s’apparente à une offensive non concertée de toutes celles et ceux qui incarnent une orientation alternative à la gauche populiste. François Hollande, naturellement, est de ceux-là et siffle la fin de la récréation pour le leader minimo en même temps qu’il ouvre la page de la reconquête socialiste. 

Raphaël Glucksmann, peu sorti de l’hémicycle de Strasbourg depuis sa rentrée politique de La Réole à l’automne, en rajoute une louche, en empruntant la phrase de Jean-Paul II en 1978 lorsque ce dernier s’adressait aux masses polonaises en butte à la bureaucratie de Varsovie. Sauf qu’ici, il s’agit de hausser le ton contre celui qui ne cesse de vociférer depuis la décision de non censure arrêtée par les parlementaires socialistes. Les menaces sont mises à exécution, multipliant les candidatures LFI aux quatre coins du pays, dans les métropoles et les villes moyennes, à l’approche des municipales, de préférence pour handicaper les exécutifs socialistes sortants. 

Raphaël Glucksmann encourage la gauche démocratique, européenne et républicaine à ne pas avoir peur d’elle-même et du suffrage universel, convaincu que les outrances et le populisme se renforcent à la mesure qu’on leur laisse le champ libre. C’est dans ce contexte que le candidat LFI, M. Louffok, dans la législative partielle de l’Isère, incluant une partie de Grenoble et acquise à la gauche, a été sévèrement balayé par la candidate Renaissance, Mme Gaillard. Le génialissime stratège pourra s’abriter derrière le taux de participation d’une partielle, accuser les sociaux-traitres – tous venus soutenir la candidature insoumise dans le cadre d’un NFP en trompe-l’œil – les faits sont effectivement têtus et des pans entiers de l’électorat de gauche ont refusé la candidature insoumise. Non seulement le score est sans appel, avec moins de 36% des suffrages, mais même dans la partie grenobloise de la circonscription, le candidat LFI fait à peine jeu égal avec sa concurrente. En face, la candidate Renaissance a joué la partition du front républicain, de l’accalmie et du dialogue, loin de clivages virevoltants. Et cela a fonctionné.

La dernière leçon en date est donc sans appel. Jean-Luc Mélenchon divisait toutes les composantes de la gauche jusqu’à présent. Aujourd’hui, il fait l’unanimité contre lui, depuis les états-majors comme dans une partie de l’électorat de gauche, fatigué d’une stratégie conflictuelle permanente, sans capacité à passer le plafond de verre. LFI est à la gauche ce que le FN des années 1990 était à la droite républicaine. À charge pour elle, de ne pas la craindre, d’avancer ses propositions en s’adressant comme le répète souvent le maire de Montpellier, à l’intelligence des gens, refusant de s’abaisser à leurs tripes et leurs émotions. C’est ce qui fonde la distinction entre une gauche de la raison, attachée au parlementarisme et un populisme de l’éructation qui capte, fatigue, puis lasse. 

Boris Enet