Londres : un rayon d’espoir

par Laurent Joffrin |  publié le 02/03/2025

La réunion des démocraties à Londres a débouché sur une manifestation d’unité accompagnée de premières décisions concrètes. Les Européens auraient-ils décidé de prendre leur destin en main ? Espérons…

Laurent Joffrin

La nouvelle n’est pas plaisante : au moment où les pays européens – et donc la France – ont besoin de ressources nouvelles pour lutter contre le dérèglement climatique ou pour améliorer le sort de leurs peuples, ils doivent donner la priorité à la fabrication de chars, d’avions, de canons et de munitions. Tel est le résultat des crises à répétition déclenchées par la montée du nationalisme dans le monde, dont la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine est la manifestation la plus visible et sanglante.

Mais une fois cette constatation rappelée, il faut en ajouter une autre : les Européens n’ont pas le choix. La défection américaine les contraint à renforcer d’urgence leurs forces armées, à moins d’abandonner l’Ukraine, de renier leurs valeurs et de sortir de l’Histoire. La reddition de l’Ukraine, que l’administration Trump veut obtenir par les moyens les plus brutaux – comme l’a montré le traquenard du bureau ovale – serait une défaite historique pour l’Union européenne, pour la France et pour la liberté.

On sait que Trump, Vance et leur allié Poutine se moquent de tout cela comme de leur première promesse électorale. Ce sont des mafieux, mus par la seule volonté de puissance. Ils ne comprennent que le langage du Parrain de Coppola. Tel Don Corleone, ils ont dit à Zelensky : « ce sera votre cervelle ou votre signature qui paraphera le contrat ». Le président ukrainien a eu le courage de refuser. Car il n’est d’autre issue que de leur tenir le même discours, c’est-à-dire de leur faire en retour « une offre qu’ils ne pourront pas refuser ».

Dans un rassurant élan d’unité, les chefs d’État réunis à Londres, ceux de l’UE, de la Grande-Bretagne et du Canada, l’ont enfin compris. Ils ont estimé qu’ils étaient en mesure de contrer l’attaque des empires. Naïveté ? Paroles purement verbales ? Non. Soulignons ce qu’on oublie souvent : le PIB de la Russie est de 2100 milliards, celui de l’Union européen de 17 000 milliards. La petite France, à elle seule, est plus riche que la grande Russie. Et si l’on compare les puissances militaires, on s’aperçoit que les nations européennes ont nettement plus de troupes et de matériel terrestre ou aérien que l’armée de Poutine, qui n’a pas réussi en trois ans à mettre la faible Ukraine à genoux.

Rien n’est perdu, donc. Poutine le sait, qui cherche à tirer profit de la trahison américaine, mais qui a bien compris qu’une Europe décidée à ne pas céder pourrait le mettre en grande difficulté. C’est affaire de volonté : jusque-là divisée et hésitante, l’Europe n’a pas pesé suffisamment pour faire reculer le Tsar. La réunion de Londres montre qu’elle commence à tirer les leçons du nouveau désordre mondial instauré par Donald Trump. Quoiqu’attachée au droit et à la négociation, elle doit se souvenir de l’éternelle maxime qui gouverne les conflits internationaux : c’est la force qui mène à la paix, non la reddition et le déshonneur.

Laurent Joffrin