Macron : perseverare diabolicum

par Laurent Joffrin |  publié le 05/12/2024

Après s’être trompé plusieurs fois dans des circonstances graves ces derniers mois, le président de la République semble déterminé à continuer.

Laurent Joffrin

On le sait : errare macronum est – l’erreur est macronienne. En dissolvant l’Assemblée inopinément, Macron s’est trompé. En attendant près de quatre mois pour nommer un Premier ministre, il s’est encore trompé. En tablant sur un gouvernement du « centre très à droite », il s’est toujours trompé. Le vote de la motion de censure hier soir n’est que l’aboutissement de cette addiction à la gaffe et à la boulette.

Voici, selon la rumeur qui court, que le Jupiter de la bévue s’apprête à récidiver : perseverare diabolicum. Voyant que Barnier a succombé à son drôle de dialogue avec le RN, menant une politique de droite et tâchant de la faire accepter par l’extrême-droite, ce qui l’a placé dans sa dépendance, il s’apprêterait à nommer un autre Barnier, plus petit, plus jeune ou plus vieux, avec mission de rapprocher une nouvelle fois centre et droite, sous l’œil sourcilleux de Marine Le Pen. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cet avatar issu du « socle commun » n’aura ni socle ni commun, tout comme la coalition qui a échoué à soutenir Barnier.

Si bien qu’Emmanuel Macron, toutes proportions gardées, risque de se retrouver dans la situation – largement oubliée mais importante dans l’histoire de la République – du maréchal de Mac Mahon, président de la République en 1877. Ce président réactionnaire s’était entêté à nommer au poste de Premier ministre un homme à sa main. Il avait à cet effet dissous l’Assemblée, mais Gambetta et les républicains, après voir tonné « quand le peuple aura parlé, il faudra se soumettre ou se démettre », avaient contrecarré les volontés présidentielles et, au bout du compte, obtenu sa démission.

Mac-Macron après Mac Mahon ? C’est ce qui pend au nez du président, qui prétend toujours exercer le pouvoir quand celui-ci est passé au Parlement, s’obstinant dans l’erreur pour le plus grand bénéfice de la France insoumise et du Rassemblement national. Il seconde la stratégie mortifère poursuivie par LFI et le RN, qui rêvent tous deux de se retrouver dans un duel final à Élysée-Corral, pensant chacun que la peur suscitée par son adversaire le favorisera, ce qui mettrait dans les deux cas, un populiste au pouvoir. Il reste aux députés ayant gardé une once de raison, dans tous les partis, à trouver une coalition forcément composite, issue du Front républicain voulu par les électeurs, qui mène le vaisseau national, sans naufrage, jusqu’à la prochaine échéance prévue : la présidentielle de 2027.

Laurent Joffrin