Marine Tondelier a-t-elle pété un plomb?
Non contente de passer le plus clair de son temps à s’attirer les bonnes grâces de LFI pour faire élire ses candidats aux élections municipales, la cheffe des Verts s’indigne de la couverture de l’élection du pape par les médias…

Marine Tondelier s’égare une nouvelle fois. Tout juste réélue haut la main à la tête des Verts bien que l’écologie semble être la dernière de ses préoccupations tant elle en parle rarement, la voilà qui part en guerre contre la couverture par les médias de l’élection du pape, pourtant suivie par 1,4 milliard de catholiques dans le monde. « Un conclave qui masque un carnage », s’est-elle permise de poster rageusement sur X, juste après l’élection de Léon XIV. L’objet de son courroux ? « L’invisibilisation de Gaza dans les médias qui a atteint des proportions inimaginables (…) ce génocide à ciel ouvert est totalement absent des médias qui préfèrent faire leurs choux gras sur la couleur de la fumée de la chapelle Sixtine ».
Pourquoi Marine Tondelier se permet-elle un tel raccourci ? Mettre en balance l’élection du successeur du pape François et le massacre d’innocents à Gaza est d’une malhonnêteté intellectuelle rare. Le sort des Gazaouis, en particulier des enfants, et la tentative de Netanyahou de constituer un Grand Israël, est un drame absolu que nous dénonçons chaque jour dans nos colonnes. Mais depuis deux ans et demi qu’est survenu le massacre du 7 octobre et que le gouvernement israélien en a peu à peu profité pour accentuer sa pression sur Gaza, les médias ont assuré une couverture quasi-quotidienne de la situation, d’une façon équilibrée, au plus proche de la réalité.
Quoi de plus naturel qu’ils consacrent leur soirée à l’élection du nouveau pape, un évènement qui n’était pas intervenu depuis quinze ans ? D’autant qu’américain et opposé à Donald Trump, en particulier sur sa politique migratoire, Léon XIV pourrait exercer une influence non négligeable aux États-Unis, notamment sur le vice-président J.D. Vance, un catholique qui sera présent à sa messe d’inauguration, quoique très opposé à certaines idées du nouveau pape. Dès lors, Marine Tondelier se trompe d’ennemi et montre son ignorance.
On n’ose pas croire que les raisons de son indignation proviennent de motivations purement électorales. A moins d’une année des élections municipales, la cheffe des Verts est sur le qui-vive. Il y a six ans, la victoire historique des écologistes à Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers et Grenoble avait consacré la percée verte, dans des bastions où ils sont aujourd’hui menacés. Pour en sauver certains et en conquérir d’autres, elle aura besoin en 2026 de l’aide de LFI qui lui a déjà permis de rebondir aux élections législatives après le score calamiteux d’à peine 5% réalisé par la candidate écologiste aux élections européennes. L’approche « sociale-écologique » d’un Nicolas Mayer-Rossignol, qui brigue la direction du Parti socialiste, menace en outre de grignoter son terrain.
Toutes ces – mauvaises – raisons poussent Marine Tondelier à sortir du bois sur des sujets propres à contenter Jean-Luc Mélenchon. Ce qu’elle a fait lors de la publication du livre La Meute en dénonçant « la stratégie de diversion consistant à dire que le mal incarné, c’est Mélenchon et LFI ». Mais quel meilleur combat pour se faire apprécier de La France Insoumise que celui de Gaza à quelques jours de la mobilisation contre l’islamophobie dimanche dans toute la France ?
Pour plaire à Jean-Luc Mélenchon, la cheffe des Verts ne recule devant rien mais elle est à côté de la plaque. Ce n’est pas en offrant à tout propos des gages à LFI qu’elle donnera aux Français l’envie de voter écologiste. Les catholiques comme les autres se préoccupent de l’avenir de la planète. L’écologie a vocation à fédérer tous les courants politiques puisqu’elle concerne chacun d’entre nous. En se marquant ainsi, Marine Tondelier se fourvoie et fracture ses électeurs. Si l’on estime que vivent en France environ 23 millions de catholiques contre 6,8 millions de musulmans, elle vient de perdre nombre d’électeurs potentiels. Comme quoi, un simple post sur X peut coûter cher.